Dix-huit ans après «Le conte d'hiver» de Shakespeare, Roschdy Zem renoue avec les planches dans un classique du théâtre contemporain «Trahisons».
Dirigé par le très créatif Michel Fau, à qui il donne aussi la réplique, l'acteur plusieurs fois récompensé également réalisateur d'«Omar m’a tué», «Chocolat» et dernièrement «Persona non grata», son cinquième film, en impose dans cette pièce d’Harold Pinter. Un texte qui revisite le trio du mari, de la femme et de l’amant, personnage que Roschdy Zem campe avec précision.
Dos au public, en short blanc dans un esprit très seventies, Jerry (Roschdy Zem), agent littéraire, et Robert (Michel Fau), éditeur, jouent au squash. Le bruit des balles résonne. Fin du match, les deux amis d’enfance s’étreignent. Au-dessus d’eux, s’affiche en lettres rouges le titre de cette pièce créée en 1978 : « Trahisons ». Une excellente entrée en matière qui donne le ton. C’est une adaptation graphique dont les répliques, les mensonges et les vérités s’échangent comme des balles de squash, avec rapidité, froideur et imprévisibilité, que met en scène Michel Fau.
Une intrigue amoureuse racontée à rebours par trois grands acteurs
Dans ce classique du théâtre contemporain, imaginé par le prix Nobel de littérature Harold Pinter, qui en bousculant les codes du théâtre a marqué le 20e siècle, tout commence par la fin. 1977, Jerry et Emma, amants pendant sept ans, se retrouvent dans un pub, deux ans après leur rupture. Dès lors, ils remonteront le temps - 1975, 1973, 1971 - et le cours de cette intrigue amoureuse jusqu’à ses prémices en 1968. Un récit découpé en une dizaine de tableaux mettant successivement en présence les deux amants, l’épouse et le mari, les deux hommes, amis de longue date, mais aussi le trio, pour disséquer, entre drame et drôlerie, la mécanique du mensonge, de l’adultère et de la trahison aussi bien amoureuse qu'amicale, dans un milieu bourgeois truffé de faux-semblants.
Des sentiments et déloyautés qui ne sont pas toujours là où on les attend - qui de l'amant ou du mari se sent finalement le plus trompé - portés par trois grands acteurs : le fantasque Miche Fau, la force tranquille Roschdy Zem, qui opère un retour réussi sur les planches, et la majestueuse Claude Perron. Trois acteurs qui donnent à cette pièce toute sa férocité et son tranchant.
Jusqu'au 28 mars, « Trahisons », Théâtre de la Madeleine, Paris.