C'est à Paris qu'avait lieu ce jeudi 21 novembre la conférence de presse de la 47e édition du Festival International de la BD d'Angoulême ouverte au Grand Public du 30 janvier au 2 février 2020.
Comme chaque année, les organisateurs y font des annonces très attendues, dont quelques expositions et bien entendu, les albums retenus pour les différentes compétitions. Et Angoulême 2020 risque bien d'être plus international que jamais.
2020, année de la BD
«La BD est en mouvement et on peut parler désormais d'un avènement de la reconnaissance institutionnelle de la bande dessinée. Le ministre de la Culture a décrété que l'année 2020 était l'année de la bande dessinée. C'est une portée symbolique», explique Franck Bondoux, délégué général du FIBD, en préambule de cet évènement annuel. Une initiative positive qui semble porter cette année le Festival International de la BD. D'ailleurs, jour de l'ouverture du Festival, le 30 janvier 2020, est mis en place «BD, le grand rendez-vous» en partenariat avec le Centre National du Livre : proposition sera faite aux français de lire quelques minutes de BD à 13 heures. Enfin, une consécration supplémentaire pour la BD à travers la ville d'Angoulême qui vient d'être nommée par l'UNESCO, «ville créative» dans la catégorie Littérature.
Angoulême aux portes du monde
Parmi les 400 rencontres, spectacles, ateliers, conférences et projections, Stéphane Beaujan, le directeur artistique du FIBD a annoncé plus en détail certains évènements et les planches exposées ne proviennent pas toutes de l'univers BD franco-belge, loin de là.
Catherine Meurisse - qui a dessiné l'une des affiches du Festival 2020 - a, logiquement, son exposition célébrant son parcours unique. Rescapée de l'attentat meurtrier contre l'équipe de Charlie Hebdo, cette femme extrêmement talentueuse est aussi une féministe, une amoureuse de l'art pictural et une passionnée de nature.
Loin des paysages bucoliques de la dessinatrice, une exposition consacrée à Robert Kirkman, que le public parisien présent à «La nuit de la pop» orchestré par Antoine de Caunes sur France Inter a pu déjà admirer. Pour la première fois en France, le père de «The Walking dead» (Delcourt) fait l'objet d'une grande retrospective qui questionnera les thèmes favoris de l'auteur : trauma familial ainsi que défis politiques et environnementaux contemporains.
Rumiko Takahashi, Grand Prix d'Angoulême 2019, elle, a refusé de jouer le jeu de la traditionnelle exposition suivant l'année de son sacre. Que cela ne tienne, les organisateurs ont logiquement mis en lumière quelques mangakas à travers des expositions, comme celle consacrée à Yukito Kishiro, auteur de «Gunnm», «premier blockbuster japonais en France» selon Stéphane Beaujean.
Yoshiharu Tsugé, monstre sacré du manga onirique et autobiographique, aura aussi son exposition avec «Être sans exister» au Musée d'Angoulême.
La jeunesse se veut également déclinée en expositions, comme celle, thématique, autour des racines mythologiques et culturelles de quelques héros comme Petit Vampire, Hilda, Yakari ou Naruto.
Nicole Claveloux, illustratrice bien connue de la presse depuis les années 70 et «Moebius ignoré du vingtième siècle» se lon Stéphane Beaujean, fera aussi l'objet d'un hommage en expo avec «Quand Okapi rencontre Métal hurlant».
Parmi les autres évènements incontournables du festival, Pierre Christin, Prix Goscinny 2019, sera attendu de pied ferme par ses fans pour une masterclass mais aussi une grande retrospective de son oeuvre, tout comme Wallace Wood, pionnier de la BD de genre américaine considéré comme un auteur visionnaire et inclassable.
Des sélections Jeunesse et Jeunes Adultes pour la première fois
Au milieu de la jungle presque opaque des Fauves (les fameuses récompenses du FIBD) qui changent et rechangent de noms au fil des années, le Festival accueille cette année deux Fauves supplémentaires afin de représenter au mieux la catégorie Jeunesse et Jeunes Adultes. Première présidente de ce premier grand Prix Jeunesse, l'inénarrable Dorothée de Monfreid, star de la BD et littérature Jeunesse, s'est montrée ravie de la décision des organisateurs de reconnaître enfin ce genre : «les auteurs Jeunesse sont souvent considérés comme des sous-auteurs d'un sous-genre». Le Prix Jeunesse est choisi parmi huit albums destinés aux enfants de 8 à 12 ans. Même nombre de sélectionnés pour le Prix jeunes Adultes (au sein d'albums pour 13 ans et plus). Au côté de Dorothée de Monfreid, deux auteurs - Benjamin Renner et Marie Desplechin - , un réalisateur - Claude Barras -, mais aussi Pierre Siracusa, directeur de l'animation chez France Télévisions, Sonia Petit, libraire et Raphaële Botte, journaliste à «Mon Quotidien».
Le Grand Jury, lui, est présidé par Marion Montaigne, entourée pour l'occasion d'un autre auteur, Simon Roussin, mais aussi du chanteur Dominique A, des journalistes Ali Baddou et Aurélias Vertaldi, du libraire Olivier Maltret et de la scénariste, réalisatrise et auteure, Noémie Lvovsky. Cette année, 43 albums ont été choisis par les membres du comité de sélection Officielle et le comité série.
Au final, 72 livres forment l'ensemble de la Compétition officielle, composée aussi de la sélection Patrimoine, Polar Sncf, Jeunesse et Jeunes Adultes.