Pour son retour sur une scène française, trois ans après un concert à l'Olympia, Jesse Hughes leader des Eagles of Death Metal arborait un badge de l'association «Life for Paris», en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, samedi au Hellfest.
«Je vous aime (en français dans le texte). Je me sens chez moi. Vous ne nous avez pas laissé tomber»: l'émotion était visible, quand Jesse Hughes, ôtant enfin ses lunettes de soleil en milieu de concert, s'est une nouvelle fois adressé au public, après avoir lâché un «j'aime le rock'n roll» un peu convenu.
Sourire plein de gratitude face aux applaudissements chaleureux que son groupe recueillait, le leader moustachu et désormais aux cheveux bien longs d'EODM, a plusieurs fois mis la main sur le coeur et sur le fameux badge «Life for Paris» accroché sur le poumon gauche de son t-shirt noir, en regardant parfois en contrebas dans une direction précise.
Celle où étaient postés une bonne vingtaine de membres de l'association créée en soutien aux victimes des attentats jihadistes du 13 novembre 2015, qui ont fait 131 morts dont 90 au Bataclan où Eagles of Death Metal se produisait en concert ce soir-là.
Jusqu'alors persona non grata dans les festivals
La présence du groupe américain sur une des deux scènes principales du Hellfest, aux alentours de 17h30, avait quelque peu valeur de symbole. Il faut dire que Jesse Hughes était jusqu'alors persona non grata dans les festivals hexagonaux après ses déclarations polémiques dénonçant un manque de sécurité au Bataclan.
Conséquence, après avoir donné un concert en hommage aux victimes en février 2016, son groupe fut déprogrammé des festivals Rock en Seine et Cabaret Vert l'été qui suivit. Depuis, Jesse Hughes et son groupe, quelque peu remanié, n'étaient plus reparus sur une scène française.
Face au public du Hellfest, amassé en nombre, EODM ont fait honneur à leur réputation de groupe énergique, électrique et festif. En trois quarts d'heure, marqués par un set plein d'allant et de reprises - réussie de «Moonage Day Dream» de David Bowie, manquée d' «Ace of Spades» de Motorhead -, ils ont visiblement regoûté au plaisir de jouer sur une terre française qui s'était douloureusement évanoui quatre ans plus tôt.
Malgré quelques soucis de guitares, changées plusieurs fois, Jesse Hughes a profité de ce concert pour s'offrir un bain de foule, malgré des pogos bien endiablés.
Après quoi, il était temps de repartir, non sans avoir envoyé son t-shirt au public. Ponctuant le tout d'un «merci beaucoup, bonne nuit !» . Sobre comme son retour.