Légende du football, Diego Maradona est mort ce mercredi à l'âge de 60 ans. En 2019, le réalisateur Asif Kapadia lui consacrait un documentaire, sobrement intitulé «Diego Maradona», qui fut présenté hors compétition au Festival de Cannes. Le portrait passionnant d’un dieu du ballon rond qui s’est brûlé les ailes.
Après s’être intéressé au pilote brésilien de Formule 1 Ayrton Senna dans «Senna» (2011) et à la chanteuse britannique Amy Winehouse dans «Amy» (2015), Asif Kapadia s’est penché sur le cas Diego Maradona, souhaitant cerner cet homme aux deux visages.
Pour ce faire, le cinéaste s’est concentré sur une période précise de la vie de l'ex-footballeur : ses années napolitaines, de 1984 à 1991. Cette époque, il lui donne vie à l'écran grâce à quelque 500 heures d'images inédites extraites des archives de l'Argentin. Celles qui ont été sélectionnées sont commentées par l'intéressé lui-même, ainsi que par ses proches comme son ancien coach ou sa femme qui aura tout enduré.
Pour s'octroyer les services de Diego Maradona, qui a pourtant connu deux saisons catastrophiques à Barcelone, le SSC Napoli s'est endetté. Mais ce pari s'est avéré payant. Accueilli comme un héros à chacun de ses matchs au stade San Paolo, «El Pibe de Oro», qui a grandi dans les bidonvilles de Buenos Aires, a changé sa technique de jeu et a permis à son équipe de remporter de nombreuses Coupes, dont celle de l'UEFA. Un beau pied-de-nez à tous les puissants clubs du Nord, à commencer par la Juventus.
Mais celui qui déclarait «tout oublier sur le terrain, jusqu'à sa vie», ne parvenait pas à gérer la célébrité. Son statut de dieu vivant était un poids. Sa photo faisait en effet régulièrement la une des journaux. On lui érigeait des statues. Et les tifosis napolitains ne connaissaient que son nom. Diego Maradona commença à flirter avec la Camorra et sombra à peu à peu dans la cocaïne. Sa descente aux enfers était amorcée.
Le coup de grâce est intervenu lors de la Coupe du monde en 1990. Incroyable mais vrai, la demi-finale qui opposa l'Argentine de Diego Maradona à l'Italie fut organisée au sein même du stade San Paolo. Après une séance de tirs au but, ce fut la victoire pour la nation sud-américaine. Furieux, son pays d'adoption lui tourna définitivement le dos.
Outre le fait d'évoquer un homme à la réputation sulfureuse - sans jamais prendre parti -, ce documentaire témoigne surtout d’une époque révolue, où les réseaux sociaux et les opérations marketing ne régissaient pas encore la vie des joueurs. Une ère où les jeunes stars du ballon rond qui avaient certes du talent, n'étaient pas forcément entourés pour affronter le monde. Diego Maradona en est le parfait exemple, comme le souligne Pelé au début du film.
Loin d'être une succession d'analyses footballistiques, ce documentaire séduira aussi bien les spécialistes que les néophytes.