Le retour du «Retour à la terre», après une pause de dix ans. Drôle, poétique, presque mystique… Les qualités de la bande dessinée, qui raconte la mise au vert d’une famille de citadins, n’ont pas changé au fil du temps.
Dans ce sixième album, baptisé Les métamorphoses, Manu Larssinet (pseudo mal camouflé de Larcenet, le dessinateur) est toujours installé en pleine cambrousse, dans le désormais célèbre hameau des Ravenelles (pour les lecteurs de la première heure), avec Mariette et leur fille, Capucine.
L'AUTEUR FACE À DES QUESTIONS EXISTENTIELLES
Si dix ans ont effectivement passé depuis la parution du Tome 5, on miserait plutôt sur trois années écoulées à l'échelle de l'histoire.
La nouveauté : Larssinet a enfin mis un terme à sa grande œuvre, Plast, à la noirceur légendaire (Véridique, mais la série originale s'appelle Blast). Un travail harassant, qui l'a plongé dans un état second, quasi-dépressif.
Pour le dessinateur, ce retour à la réalité ne se passe très bien. Plus angoissé que jamais, il se heurte encore et toujours aux grandes questions de l’existence.
HUMOUR ET GRANDES QUESTIONS
Les problèmes s'accumulent. Sa nouvelle paternité à venir le terrifie. Il a même «oublié» que Mariette en était à sept mois de grossesse. Il se demande également si Ferri, son scénariste adoré, va enfin trouver du temps à lui consacrer. Là aussi, la petite histoire rejoint la grande car Jean-Yves Ferri est, depuis 2013, le scénariste d'Astérix (trois albums au compteurs et un quatrième en fin d'année). Des craintes qui poussent même Larssinet à envisager d’arrêter la BD.
Mais tout n'est pas noir aux Ravenelles. Derrière ce côté sombre, l'humour l'emporte toujours, dans Le Retour à la Terre, notamment grâce à un énorme sens de l'auto-dérision. Les personnages secondaires, toujours aussi réussis, sont la cerise sur le gâteau. La palme va à Mme Mortemont, la vieille voisine faussement acariâtre, qui vient de découvrir les émojis, et à Philippe, l'éditeur-adjoint de Dargaud, prêt à tout (mais vraiment à tout) pour remettre Larssinet sur le chemin de la planche à dessin.