Infatigable défenseur des droits de l'homme et de la paix au Proche-Orient, l'écrivain de 82 ans revient, pour la première fois, sur son destin particulier.
En formidable conteur, le célèbre écrivain Marek Halter, rescapé de Varsovie sous la botte nazie, vient de publier ses mémoires, «Je rêvais de changer le monde» (éd. Robert Laffont/XO). L’intellectuel engagé, portraitiste des grandes figures bibliques, plonge dans son parcours tumultueux. Par le truchement d’un dialogue dans lequel il s’adresse à sa femme et compagne de lutte Clara, décédée en 2017, il retrace chacune de ses aventures à travers le monde – ses amitiés, son partage de la culture juive, ses combats – en revisitant presque un siècle d’Histoire.
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire vos mémoires ?
A cause de la mort. Nous sommes tous mortels, même si on n'y pense pas tous les jours. Or, ma femme est tombée malade, et la mort s’est installée à mes côtés. Tenace. Je devais être plus rapide qu'elle. Alors, j’ai fait un pacte avec Dieu. Garder Clara en vie le temps que je raconte notre parcours, nos batailles. Dieu a-t-il tenu parole ? Clara est morte au moment où je terminais mon récit. Chacun de nous est un livre. Encore faut-il l’écrire. Pour cela, il faut essayer de comprendre ce que l’on a vécu.
Quel regard portez-vous sur votre propre histoire ?
Dès mon enfance, la vie m'a jeté dans la marmite où mijotait l'histoire. Pour survivre, il fallait de la volonté, de la curiosité et avoir foi dans l'homme. Ce sont les événements, souvent dramatiques, qui ont marqué le XXe siècle qui furent mes universités.
Êtes-vous inquiet face à l’évolution du monde actuel ?
Non. L’histoire du monde n’a pas commencé avec nous et ne s’achèvera pas avec nous. Bien que nous soyons dans un creux, c'est à partir du vide que tout est possible. Les gilets jaunes n’étaient pas politisés ou syndicalisés, et un jour ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient se mobiliser grâce au seul moyen qui était à leur disposition : leurs smartphones.
Quel est votre message pour les années à venir ?
Nourrissons les rêves. Sans rêves, on désespère l'Humanité. Tout d'abord, apprenons à parler. C'est en parlant qu'on partage l'espoir. Or, si les jeunes d'aujourd'hui savaient s'exprimer, il y aurait moins de voitures brûlées. Décidément, je crois au pouvoir du verbe. C'est la raison de ce livre. n
Je rêvais de changer le monde, Marek Halter, éd. Robert Laffont/XO.