Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.
DIMANCHE 23 MARS
S’il y a bien une ville au monde qui se préoccupe plus que tout de Vladimir Poutine, c’est Washington. Poutine, en Amérique, on écrit ça «Putin» – et l’on considère, à l’heure actuelle, qu’il est l’homme le plus intrigant et le plus à surveiller, parce que le plus imprévisible.
Rendez-vous compte, disent les analystes américains : il y a à peine deux mois, il libère l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, il relâche les jeunes femmes dissidentes connues sous le nom de Pussy Riot, et il baigne dans la gloire internationale et télévisuelle des JO d’hiver de Sotchi.
Et puis, d’un seul coup, le voici qui entre en action en Crimée sans se soucier de cette fameuse «communauté internationale» qu’il courtisait quelques jours avant. C’est rapide, brutal, efficace, sans doute irréversible et l’on se demande jusqu’où (Pays baltes ? Est de l’Ukraine ?), il va, veut, ou peut encore aller.
A Washington, mon ami, le très intelligent et expérimenté Jim Hoagland, écrit ceci : «Serrer la main de Putin, comme je l’ai fait trois fois dans ma vie, ne donne pas la sensation d’avoir affaire à un visionnaire prêt à changer le cours de l’Histoire avec ses idées.
D’une conversation avec lui, il ressort plutôt de la vanité, de la pétulance, et le goût de piquer et titiller les autres de façon cruelle.» Pour ce grand éditorialiste, Putin a agi en «maître espion digne de Le Carré».
Selon Hoagland, la crise actuelle arrive à un moment où Obama, en plein second mandat, pense déjà à ce que Jim appelle le «Project Legacy» – c’est-à-dire ce que Obama veut léguer pour entrer dans les livres d’histoire.
L’occupant de la Maison Blanche voit bien que son image va beaucoup dépendre de ce qu’il fait et dit par rapport à la Russie. En matière de politique, quels que soient les enjeux, la personnalité des joueurs en présence pèse lourd. Barack Obama est en «quête du Graal», c’est-à-dire un accord nucléaire avec l’Iran.
Peut-il le faire sans Putin ? Le jeu est compliqué, plein d’embûches, et son issue est à peu près aussi claire que l’était le destin du vol MH 370 avant qu’on ne découvre, enfin, ses débris dans l’océan Indien. Eh bien, oui, voilà, cette fois, le mystère du Boeing de la Malaysia Airlines se banalise.
Mais saura-t-on jamais ce qui s’est passé à bord ? Il ne reste qu’une chose vraie et terrible : des débris, des familles en deuil, du chagrin.
MARDI 25 MARS
Je note avec bonheur que Philippe Bouvard est numéro un dans la liste des best-sellers avec son dernier ouvrage : Les morts seraient moins tristes s’ils savaient… etc. (éd. Flammarion).
JEUDI 27 MARS
A quelques jours du second tour des municipales en France, qu’il soit permis de tracer une ou deux grandes lignes. Parfois, des évidences, parfois des questions :
1. Rien n’est tout à fait fini. L’abstention sera-t-elle moindre ? Les chiffres du chômage peuvent-ils être un argument supplémentaire ?
2. Les «vieux» ne sont pas morts, bien au contraire. Jean-Claude Gaudin, 74 ans, est en passe de conserver sa mairie de Marseille. Alain Juppé, 68 ans, triomphe à Bordeaux dès le premier tour.
3. Quoi qu’il arrive, on va vers un «remaniement», le mot le plus prononcé de la semaine. Quand ? Avec qui ?
4. Les «écolos», les Verts, aussi peu nombreux soient-ils, jouent un rôle majeur face au PS. Ils sont leur épine dans le pied, leur escarbille dans l’œil.
5. Provisoirement, les «affaires» (écoutes de Sarkozy, etc.) ont été reléguées au deuxième plan. Pour combien de temps ?
* : "Poutine" en anglais