En direct
A suivre

Sophie Marceau, femme de lumière

Sophie Marceau à la Cérémonie des Césars 1996[CC/Georges Biard]

Née Maupu, Sophie Marceau a choisi comme nom de scène celui d’un jeune général, héros de la Révolution française, connu pour sa fougue et son courage. Deux valeurs que Sophie Marceau aime par dessus tout porter à l’écran.

 

ARCHIVE

 

Née le 17 novembre 1966, à Chelles, Sophie Maupu de son vrai nom, passe son enfance dans un pavillon de banlieue, puis dans une HLM de Gentilly. Son père, Benoît Maupu, enchaîne différents métiers pour faire vivre sa famille : barman, peintre, puis chauffeur routier. Sa mère, Simone, est démonstratrice au rayon jouets d’un grand magasin. Ils ouvrent ensemble une brasserie, Le Pharaon, dans le 12e arrondissement de Paris, puis une seconde à Sceaux dans lesquelles ils s’investissent totalement. Sophie se sent parfois délaissée « A 6 ans, j’étais seule à la maison. Ma mère partait tôt et rentrait tard. Je m’occupais du ménage ». De son frère Sylvain, son aîné de trois ans, elle a toujours été très proche. Ensemble, ils font les quatre cents coups dans leur maison secondaire de Vert-le-Petit, dans l’Essonne. Sophie est une enfant espiègle. Vite lassée, elle s’ennuie à l’école et se met en scène en se déguisant devant ses professeurs.

 

L’adolescente mutine

La carrière de Sophie Maupu débute alors qu’elle n’est âgée que de 14 ans. Debout à 5 heures du matin pour décharger les camions sur les marchés, Sophie, alors élève de 4e, veut trouver un nouveau moyen de gagner de l’argent de poche. Elle déclare : « J’ai toujours été très libre. A 13 ans, j’enchaînais les petits boulots. A 16 ans, je me suis installée seule ». Après quelques photos pour une agence de casting, le 26 mars 1980, elle se présente accompagnée de son père aux auditions d’un film de Claude Pinoteau, La boum. Son énergie et son naturel charment tout de suite le réalisateur. Elle décroche le rôle de Vic, jeune lycéenne rêveuse qui vit ses premiers émois amoureux. Embarrassée par son nom de famille, Sophie Maupu devient alors Sophie Marceau, nom choisi au hasard parmi les noms des rues parisiennes : « A 13 ans, il a fallu que je ressemble à l’image que mon entourage projetait sur moi. Mais mes parents ne sont jamais intervenus dans mes choix, même lorsque j’ai changé de nom ».

 

Vidéo : Premier casting de Sophie Marceau pour La Boum

 

 

Dix ans auparavant, Pinoteau avait déjà révélé celle qui allait devenir une grande comédienne : Isabelle Adjani. La Gifle (1974) met en scène comme dans La Boum les difficiles relations entre les adolescents et leurs parents. Adjani, âgée de 19 ans, y joue aux côtés de deux monstres sacrés du cinéma : Lino Ventura et Annie Girardot

Succès fulgurant, La boum devient un phénomène de génération. La carrière de Sophie Marceau est lancée. Sous les feux des projecteurs dès 14 ans, Sophie Marceau n’est pas une de ces étoiles filantes qui disparaît après un succès éphémère. En 1983, elle remporte le césar du Meilleur espoir féminin pour son rôle dans La boum 2. Forte de ses succès, en 1988, elle retrouvera Claude Pinoteau dans L’étudiante. C’est la consécration. Encore adolescente, elle est adulée en France, en Corée, en Allemagne et en Russie.

 

Vidéo : Bande-annonce de La Boum

 

 

La femme fatale

 

Très vite, elle veut grandir, évoluer et ne veut plus être cantonnée à des rôles romantiques et populaires qui la maintiennent dans son statut d’enfant. C’est avec aisance que Sophie Marceau se fait une place parmi les plus grands acteurs. Dès 1984, elle donne la réplique à Gérard Depardieu et Catherine Deneuve dans Fort Saganne, d’Alain Corneau. Toujours en 1984, elle fait face à Jean-Paul Belmondo dans Joyeuses Pâques. Avec Chouans ! de Philippe de Broca en 1988, Sophie Marceau découvre les films d’époque. Suite à cette expérience réussie, elle se spécialise dans les fictions historiques en costumes et enchaîne les tournages : La fille de d’Artagnan, de Bertrand Tavernier (1994), Anna Karénine, de Bernard Rose (1997), Marquise, de Véra Belmont (1997). On la retrouvera également en 2001 dans Belphégor, le fantôme du Louvre, de Jean-Paul Salomé, qui sera un grand succès du box-office. Sophie Marceau a réussi sa métamorphose.

 

Vidéo : Bande-annonce de Belphégor, le fantôme du Louvre

 

 

Sacrée actrice préférée des Français, Sophie Marceau se lance dans une carrière internationale. A 30 ans, elle tourne Braveheart sous la direction de Mel Gibson. Incarnant la princesse Isabelle, elle fait son entrée sur la scène américaine. Son plus grand succès, James Bond : le monde ne suffit pas, dans lequel sa prestation est très remarquée. Elle y interprète le rôle d’Elektra King, riche héritière séduisante et manipulatrice. A la fois charmeuse et vénéneuse, elle incarne l’une des meilleures ennemies de l’agent 007. C’est un triomphe mondial. Sophie Marceau touche tous les pays et toutes les générations. Reconnue pour son talent et souvent choisie pour sa beauté, Sophie Marceau confie : « A l’écran, je suis photogénique et assez regardable, paraît-il... En fait, dans la vie, je ne contrôle rien de mon image ».

 

Vidéo : Sophie Marceau dans Le Monde ne suffit pas

 

 

Sophie Marceau et le festival de Cannes

Le destin de Sophie Marceau s’est toujours joué au Festival. En 1981, c’est à Cannes qu’elle rencontre le réalisateur Andrzej Zulawski au côté de qui elle tournera quatre films et avec lequel elle sera mariée pendant dix-huit ans et aura un enfant, Vincent. Avec lui, elle gagne l’expérience des films d’auteur avec les productions de L’amour braque, Mes nuits sont plus belles que vos jours, La note bleue et La fidélité.

Plus tard, en 1999, choisie pour remettre la Palme d’or, elle fait un discours très remarqué, mais pas à son avantage. Sophie Marceau, marraine de l’association Arc-en-Ciel qui réalise les rêves des enfants atteints de maladies graves, essaie de rappeler, très maladroitement, le sort de ces enfants. Son discours est incohérent. On la taxe de starlette capricieuse et instable, elle devient la risée du public, sa carrière manque de s’écrouler. Mais Sophie Marceau se relève vite.

L’image que Sophie Marceau laisse au Festival de Cannes de 2005 reste incontestablement la plus marquante. On se souvient de son rire embarrassé quand la couture trop légère d’une bretelle de sa robe céda et laissa apparaître furtivement l’un de ses seins. Une image qui est repassée en boucle sur Internet. Sophie Marceau vit une véritable histoire d’amour avec Cannes, qui le lui rend bien.

 

Vidéo : discours de Sophie Marceau au festival de Cannes 1999

 

 

Une réalisatrice affirmée

Mais Sophie Marceau ne trouve pas son compte dans ses rôles d’actrice, elle s’essaie à la chanson avec l’album Certitude, sorti en 1986, puis à l’écriture avec son roman Menteuse en 1996. Sans grand succès. Elle est faite pour le cinéma. L’année 2002 sera celle de sa renaissance. Sophie Marceau se tourne vers la réalisation et sort son premier long-métrage, Parlez-moi d’amour. Sa renaissance n’est pas qu’artistique. Elle débute une nouvelle vie, qui durera cinq ans, avec le producteur américain Jim Lemley, qui lui donnera son deuxième enfant, Juliette. Dans Parlez-moi d’amour, elle met en scène Judith Godrèche et Niels Arestrup. Ils incarnent Justine et Richard qui, après quinze ans de vie commune, décident de se séparer. On y découvre les affres des relations amoureuses qui durent trop et finissent mal. Pour ce film autobiographique, Sophie Marceau s’est beaucoup inspirée de sa vie privée. Elle affiche ouvertement sa rupture difficile avec le réalisateur Andrzej Zulawski. Dans l’émission Ça tourne de Direct8, elle explique son choix à Laurie Cholewa : «Faire des films, c’est un peu ma façon à moi de faire des albums photos.» Le film sera consacré au festival de Montréal, où elle reçoit le prix de la mise en scène.

 

Vidéo : Bande-annonce de Parlez-moi d’amour

 

 

Pour sa deuxième réalisation, La disparue de Deauville, sortie en mai 2007, elle écrit seule le scénario de départ, dans lequel elle s’inspire du fait divers de Jane Mansfield, morte décapitée dans sa voiture, en 1967. Alors que Sophie Marceau n’apparaissait pas dans Parlez- moi d’amour, c’est elle qui tient le rôle vedette de La disparue de Deauville. Face à la caméra, Sophie est Victoria. Star mystérieuse, elle se dissimule sous une perruque noire, comme une vamp américaine. L’histoire se déroule dans les couloirs de l’hôtel Normandy. Jacques, policier brisé et isolé, enquête sur la mort d’un homme, lorsque Victoria, actrice en vogue dans les années cinquante et morte dans des circonstances mystérieuses, lui apparaît et hante son quotidien. Le casting est impressionnant : Robert Hossein, Marie-Christine Barrault, Nicolas Briançon, Judith Magre, Marilou Berry. Christophe Lambert campe le personnage du policier.

 

Vidéo : Bande-annonce de La Disparue de Deauville

 

 

Sophie Marceau a choisi de lui faire confiance en offrant le premier rôle masculin à celui dont elle partage la vie aujourd’hui. Quand on lui demande pour quelle raison elle a fait le choix du thriller – projet qu’elle porte depuis deux ans – elle répond: «Parce que le thriller c’est le suspense, c’est l’action, c’est le cinéma. [...] J’aime que ça bouge, que ce soit spectaculaire, que ce soit esthétique, qu’il y ait du mystère, du glamour et de l’amour.» Ce long-métrage fait la part belle au dédoublement de la personnalité et à la manipulation. On est immergé dans la vie des acteurs. Peut-être est-ce en cela que réside le caractère autobiographique de ce film.

Pourtant, La disparue de Deauville n’a pas reçu les critiques escomptées de la part de la presse. L’accueil du public tout aussi mitigé est quant à lui plus nuancé, et bien que parfois boudé. Quand on lui demande si elle redoute les critiques, Sophie Marceau réplique : «Je n’ai pas peur de souffrir. Et puis j’envisage toujours le pire !»

 

Femme de lumière

Entretemps, Sophie Marceau s’est attelée à un nouveau projet. En 2008 sort Les femmes de l’ombre, où elle retrouve le réalisateur Jean-Paul Salomé, dans un film qui revient sur la vie des résistantes pendant la Seconde Guerre mondiale.  La Résistance a longtemps été considérée comme une affaire d’hommes. Des Françaises avaient pourtant écrit leurs souvenirs au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (agents de liaison, opératrices radio, rédactrices de journaux clandestins, chevilles ouvrières des filières d’évasion...), mais historiens et cinéastes ne leur avaient prêté qu’une attention limitée, ignorant la puissance des témoignages.

 

Vidéo : Bande-annonce des Femmes de l’ombre

 

 

Mis à part quelques ouvrages et films dont Lucie Aubrac de Claude Berri ou Black Book de Paul Verhoeven, le rôle des femmes a été minimisé, voire ignoré. Jean-Paul Salomé, le réalisateur, apporte sa pierre à l’édifice avec Les femmes de l’ombre. Sophie Marceau (qui joue Louise, une jeune veuve chargée de recruter un commando de femmes pour une mission) apparaît dans ce film sous un nouvel angle, arme au poing et visage durci par la guerre, la souffrance et la peur. Qui mieux que Sophie Marceau, idéal type de la femme française, pouvait mener cette troupe de cinq jeunes résistantes (Julie Depardieu, Marie Gillain, Deborah François et Maya Sansa) lâchées contre la pieuvre nazie dans «Les femmes de l’ombre» ?

 

Vidéo : Bande-annonce d’Un Bonheur n’arrive jamais seul

 

 

Le succès des Femmes de l’ombre  (près de deux millions de spectateurs dans le monde, dont 1 million en Chine) relance la carrière de Sophie Marceau qui enchaîne les films à succès. Elle tourne ainsi avec Dany Boon dans De l’autre côté du lit (1,7 millions de spectateurs), dans Lol (4 millions de spectateurs) et aux côtés de Gad Elmaleh dans Un bonheur n’arrive jamais seul (1,7 millions de spectateurs).

La carrière de Sophie Marceau se poursuit donc avec une tranquille régularité. Carrière paradoxale, qui n’a pas été marquée par des chefs- d’œuvre inoubliables – hormis peut-être Braveheart et  ses cinq oscars – mais qui a suscité l’enthousiasme et l’affection d’un public international, conquis par sa féminité, à la fois glamour et très naturelle.

 

Sophie Marceau : les chinois « aiment bien ma tronche »

Gad Elmaleh : « Sophie Marceau est une icône »

Les James Bond Girls « made in France » en images

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités