Imaginée par Matthew Weiner, la série Mad Men est un véritable phénomène, trustant récompenses et distinctions, jouant avec génie sur une nostalgie pas toujours avouable. Celle d’une époque dont les codes n’ont décidément plus rien à voir avec les normes d’aujourd’hui.
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Une fascinante élégance des postures, mais une bassesse morale saisissante. Une sexualité suggérée, mais une sensualité omniprésente. Pas une goutte de sang, mais une violence symbolique glaciale. Loin des couloirs de morgue ou des orgies stupéfiantes, Mad Men a su créer une passion transcontinentale – la série est diffusée dans quinze pays dont la Russie et la Chine – sans tomber dans le racolage. S’il était besoin d’un indicateur de ce succès, les récompenses glanées par la série depuis sa création en 2007 suffiraient largement. Quatre Golden Globes et quatre Emmy Awards de la meilleure série dramatique en 2008, 2009, 2010 et 2011 font partie des plus beaux trophées décrochés par les «pubards» imaginés par Matthew Weiner.
Vidéo : Bande-Annonce de la première saison de Mad Men :
Petite sœur des Soprano
Figurant parmi les hommes clés de l’industrie du petit écran outre-Atlantique, le créateur de la série, Matthew Weiner, avait notamment produit et écrits la cinquième et la sixième saison des Sopranos de David Chase. Du côté des téléspectateurs, l’engouement ne saurait-être démenti avec des audiences qui ont fait le bonheur de la petite chaîne américaine AMC, qui avait originellement misé sur Mad Men.
"Mad Men", le titre de la série, est bien souvent trop rapidement traduit par "Hommes fous" par le public non averti. Les rebondissements sans fin des héros pourraient d’ailleurs justifier ce titre psychiatrique. Il n’en est cependant rien. Les auteurs ont simplement repris une expression qui remonte aux années 1960. "Mad Men" n’est en effet que le raccourci de l’expression "Madison Avenue Admen" soit, en VF, "Les publicitaires de l’avenue Madison", en référence à la célèbre artère new-yorkaise où émergent les plus grosses agences de l’époque.
Casting en or et dialogues ciselés
Des blogs de geeks téléphages aux revues féminines les plus «hype», chacun s’enthousiasme pour le cynisme altier de Don Draper (Jon Hamm), la vulnérabilité hitchcockienne de son épouse Betty (January Jones) ou le charme sucré-salé de la plantureuse Joan Holloway (Christina Hendricks).
Un casting en or, des dialogues ciselés à l’acide, une photo somptueuse, un générique digne des meilleurs James Bond et surtout… une garde-robe rétro. [CC/CC/MyLifeInPlastic.com]
Avec un budget oscillant entre 2 et 2,5 millions de dollars par épisode, il faut reconnaître que la production n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre toutes les chances du côté de cette série : un casting en or, des dialogues ciselés à l’acide, une photo somptueuse, un générique digne des meilleurs James Bond et surtout… une garde-robe rétro (jusqu’à 200 costumes par épisode) qui a remis à la mode les complets cintrés, les cravates et les tailleurs ajustés. Le couturier Tom Ford lui-même s’est librement inspiré de la série pour certaines de ses créations récentes et le long métrage qu’il a réalisé, A Simple Man (2010).
Pour autant, le scénario, l’interprétation et la réalisation ne sauraient expliquer à eux seuls la dimension phénoménale de Mad Men. Par-delà la dimension vintage de la série, Mad Men raconte aussi la fin d’une certaine civilisation, où il était admis de boire et de fumer dans les bureaux et de ricaner sans vergogne sur les minorités.
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