Le rouleau de la plus vieille Torah du monde, datant vraisemblablement du XIIe siècle, a été retrouvé dans les archives de l'université de Bologne (centre-nord de l'Italie), a annoncé mercredi à l'AFP le professeur à l'origine de la découverte.
Ce rouleau, fabriqué avec de la peau de mouton, long de 36 mètres et haut de 64 centimètres, était classé dans les archives de l'université comme un document du XVIIe siècle avec pour simple nom : "rouleau n.2".
Mais le professeur de judaïsme Mauro Perani a noté que le texte de ce rouleau n'était pas conforme avec certaines modifications apportées à la Torah au XIIe siècle.
"J'ai tout de suite pensé que le rouleau était bien plus vieux", a-t-il dit à l'AFP, expliquant que le rouleau contenait des lettres et des signes interdits au XIIe siècle par le philosophe juif Moïse Maimonide.
Ce rouleau fait partie d'une trentaine de manuscrits juifs que le professeur Perani a commencé à cataloguer en février.
"Ce genre de document est très rare car quand un texte de la Torah est abîmé, il perd sa sainteté et il ne peut plus être utilisé. Il est alors détruit", explique l'expert.
Ce rouleau "est dans un excellent état de conservation", a ajouté M. Perani, qui explique que des dizaines de milliers d'exemplaires de la Torah ont été détruits au cours de la seconde guerre mondiale par les nazis et les fascistes.
Le plus vieux rouleau connu à ce jour date de la fin du XIIIe siècle, même si certains éléments de la Torah, sous forme de livre et non de rouleau et datés de l'an 1008, existent à Saint-Pétersbourg (Russie).
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La datation au carbone effectuée en Italie et aux Etats-Unis a confirmé que le manuscrit avait été réalisé entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe.
Le rouleau avait été identifié de manière erronée par un archiviste en 1889.
Cet archiviste "avait qualifié le texte de maladroit et contenant des annotations inhabituelles", a ajouté le professeur.
"Il avait tort, c'est un manuscrit splendide", a affirmé M. Perani.
Selon l'expert, le rouleau est arrivé à l'université de Bologne en provenance d'un monastère dominicain de la région après le démantèlement par Napoléon des ordres religieux en Italie au XIXe siècle.
"C'était absolument normal" que des religieux dominicains aient une vieille Torah, en raison de la collaboration aux Moyen Age des érudits chrétiens et juifs, a ajouté le professeur.
La ville de Bologne a longtemps abrité une importante communauté juive et l'université a dispensé des cours d'hébreu dès le XVe siècle.
Des fragments de la Torah datant du VIIe siècle ont également été trouvés mais le rouleau de Bologne est considéré comme le plus ancien texte sacré retrouvé dans son intégralité.
Dans la tradition juive, les Torah ne sont pas datées.