Le musée d'Orsay a qualifié vendredi de "fantaisiste" l'hypothèse développée par un spécialiste du peintre Gustave Courbet selon laquelle "L'Origine du monde" serait un fragment d'une toile plus grande dont il aurait identifié le visage.
Jean-Jacques Fernier, auteur du catalogue raisonné de Gustave Courbet (1819-1877), pense que le sulfureux tableau, qui représente un sexe de femme, a été découpé dans un nu plus large représentant une femme étendant les bras. Il estime qu'une petite huile sur toile représentant la tête renversée d'une femme brune qui semble s'abandonner au plaisir est la tête qui va avec ce sexe.
Ce visage de femme a été acheté 1.400 euros chez un antiquaire parisien en 2010 par un collectionneur. Celui-ci est persuadé d'avoir trouvé un Courbet et l'a expliqué à Paris-Match qui en a fait jeudi une "exclusivité mondiale".
"+L'Origine du monde+ n'a pas perdu sa tête", proclame le musée d'Orsay dans un communiqué, sortant de la réserve qu'il avait affiché jeudi.
"L'Origine du monde" (1866), conservée au musée d'Orsay, "est une composition achevée et en aucun cas le fragment d'une oeuvre plus grande", assure le musée.
"Une certitude est confirmée par tous les témoignages du XIXe siècle: le tableau visible chez le diplomate Khalil Bey, son premier propriétaire et probable commanditaire, était bien une +femme nue, sans pieds et sans tête+", déclare Orsay. "A cette description de l'oeuvre par Gambetta répond celle de Maxime Du Camp qui mentionne en 1878 que Courbet n'avait pas représenté +le cou et la tête+ de ce "portrait de femme bien difficile à décrire".
Les éléments relatifs à la technique de l'oeuvre, étudiés par le laboratoire public C2RMF à la fin des années 1990, "ne révèlent que des données très habituellement observées sur les toiles des peintres de cette époque: la toile et les pigments utilisés ici ont été préparés de façon industrielle", souligne le musée.
"La seule description objective que l'on puisse faire du support original est qu'il s'agit d'une toile assez fine et de tissage simple, dont la trame comporte des irrégularités observables sur la plupart des tableaux de cette époque".
"+L'Origine du monde+ présente par conséquent des caractéristiques techniques tout à fait communes que l'on retrouve sur des centaines de toiles contemporaines", selon Orsay.