La Foire internationale d'art contemporain, qui s'achève dimanche à Paris, s'est "bien passée", selon plusieurs galeries qui soulignent que les Français ont acheté en dépit du trouble semé juste avant la Fiac par le débat autour des oeuvres d'art et de l'Impôt sur la fortune.
Inaugurée mercredi, la 39è édition de la Fiac a rassemblé sous la prestigieuse nef du Grand Palais 182 galeries de 25 pays. Les deux tiers des galeries étaient étrangères. Les galeries françaises étaient au nombre de 61.
Juste avant ce rendez-vous attendu des collectionneurs, un amendement d'origine socialiste visant à intégrer les oeuvres d'art à partir de 50.000 euros dans le calcul de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) avait semé un vive inquiétude dans les milieux de l'art français.
Mardi, à la veille du vernissage, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dit clairement son opposition à cet amendement et les députés socialistes ont accepté de rejeter cette mesure.
"Cet amendement a été un choc pour moi car je pensais aux effets désastreux qu'il aurait sur le marché de l'art" en France s'il était adopté, déclare la directrice de la Fiac, Jennifer Flay, interrogée ce week-end par l'AFP.
"Mais je savais aussi que nous attendions un public international très important et de très haut niveau" (collectionneurs, amis de musées, conservateurs, fondations) qui ne suit pas particulièrement l'actualité française, dit-elle. "En revanche, cela aurait pu avoir un impact sur les collectionneurs français".
Dès l'ouverture de la Fiac aux professionnels, mercredi, les hommes d'affaires François Pinault et Bernard Arnault sillonnaient la foire avec leurs conseillers respectifs.
"Les collectionneurs français ont failli perdre un territoire de liberté. Alors ils y sont allés, par solidarité avec les artistes et les galeries, et avec enthousiasme", estime le galeriste parisien Kamel Mennour, interrogé par l'AFP.
"Epée de Damoclès"
"La Fiac s'est bien passée. Mais c'était à deux doigts de nous gâcher le plaisir", déclare le galeriste parisien Hervé Loevenbruck. "Il faut arrêter de stigmatiser les collectionneurs", ajoute-t-il.
L'édition 2012 de la Fiac a été "mouvementée, cependant les acheteurs français se sont lancés car il y avait des oeuvres exceptionnelles", relève Gilles Fuchs, président de l'Association pour la diffusion internationale de l'art français (Adiaf).
"Les collectionneurs français ont été globalement soulagés par le rejet de l'amendement et certains ont acheté dans une certain euphorie", estime Georges-Philippe Vallois, président du Comité professionnel des galeries d'art.
Mais ils ont l'impression d'avoir "une épée de Damoclès" au dessus de la tête car le débat est récurrent, déplore le galeriste parisien.
En ce qui le concerne, M. Vallois indique avoir "très bien vendu".
Globalement "les galeries sont contentes de la qualité de la Fiac et commercialement ça a très bien marché étant donné le contexte économique actuel", estime Jennifer Flay.
"J'ai l'impression que la Fiac approche de la maturité. L'année prochaine, nous fêterons ses 40 ans", ajoute Mme Flay, ancienne galeriste qui oeuvre depuis neuf ans à "accroître le niveau de reconnaissance international" de la foire.
La galerie américaine Gagosian, qui a désormais deux lieux à Paris, se dit "très contente". La galerie Marian Goodman (Paris, New York) assure que la foire a été "bonne", avec beaucoup de visiteurs étrangers.
La galerie allemande NEU est satisfaite. La galerie américaine David Zwirner estime que ca été "bien, sans être facile, dans le contexte de crise économique qui perdure".