Chef-d’œuvre ou supercherie, «Holy Motors» a partagé la critique, ainsi que toute la Croisette, lors de sa présentation en compétition au dernier Festival de Cannes.
Enfin sur les écrans, le nouveau long-métrage du cinéaste Leos Carax suit un étrange personnage dans ses pérégrinations diurnes. A bord d’une limousine blanche pilotée par Céline, sa collaboratrice, Monsieur Oscar revêt pendant quelques heures la place et la personnalité de divers individus : un banquier, une mendiante, un ouvrier spécialisé en motion capture, un accordéoniste, un tueur à gages, un père, un homme sur le point de mourir et... Monsieur Merde, la créature des profondeurs aperçue dans le précédent film de Carax, Tokyo !.
Homme-caméléon
Denis Lavant, acteur fétiche du réalisateur des Amants du Pont-Neuf, interprète tous ces rôles. Celui qui a joué cinq des six films de Carax se prête avec brio à ce jeu de travestissement qui le fait passer en un clin d’œil du registre comique à celui du drame, et du sentimental à la performance physique pure, proche de ses débuts dans l’univers du spectacle vivant. Il devient ainsi l’instrument d’un long-métrage poétique, déconcertant et grave, qui porte son regard sur un monde totalement désenchanté où l’homme court après une vie illusoire.
Holy Motors, de Leos Carax, avec Denis Lavant, Edith Scob, Michel Piccoli, Kylie Minogue et Eva Mendes. En salles.