Rénovation des jardins et du domaine, hôtellerie haut de gamme, politique culturelle ambitieuse: le château de Chambord multiplie les projets pour attirer de nouveaux touristes et devenir l'équivalent français de la grande pyramide d'Egypte ou du Macchu Picchu.
"L'idée générale de ces projets est de renouveler la perception de Chambord", explique le dynamique directeur général du domaine, Jean d'Haussonville, nommé début 2010.
"Il s'agit de faire ressortir la singularité de Chambord comme chef d'oeuvre architectural, de montrer qu'il se compare plus à de grands monuments de l'humanité comme la grand pyramide, Angkor Vat (Cambodge) ou le Macchu Picchu au Pérou, ces grands lieux d'architecture qui ont tous un caractère sacré, plutôt qu'aux autres châteaux", souligne-t-il. "Chambord n'est pas seulement le plus grand château de la Loire, c'est bien plus qu'un château".
Pour mieux mettre en valeur le joyau de la Renaissance classé au patrimoine de l'Unesco, immense chef d'oeuvre de quelque 440 pièces et 365 cheminées, un vaste plan de rénovation débutera cet automne. Coût total: environ 4 millions d'euros.
Sur le parterre nord et est, les jardins à la Française vont être refaits à l'identique des plans dessinés par l'architecte Mansart à la demande de Louis XIV. Buis, arbustes, charmilles et autres marronniers orneront cet espace vide depuis plusieurs décennies. La fin des travaux est prévue en 2014.
"On a pu reconstituer ces jardins grâce aux plans retrouvés aux archives nationales", explique le conservateur, Luc Forlivesi. "Chambord a été conçu par François 1er comme un château avec un domaine autour, c'est ce qu'on essaie de restituer en se basant sur les archives".
L'an prochain, une promenade va être aménagée le long du plan d'eau qui part du château et longe une imposante étendue de roseaux. Fruit d'un partenariat inédit avec un géant du CAC-40, GDF-Suez, cette promenade sera jalonnée d'observatoires de la faune et de la flore.
Plus prosaïquement, les allées menant au château, poussiéreuses en été et boueuses par temps de pluie, vont être refaites.
Une "maison du domaine" devrait également voir le jour dans les écuries du Maréchal de Saxe. Elle montrera notamment la richesse d'un domaine giboyeux de 5.500 hectares, ceint d'un mur de 32 km qui en fait le plus grand parc forestier clos d'Europe, et longtemps prisé des chasses présidentielles.
Autre projet réclamé par les visiteurs: l'amélioration des hébergements.
Transformation de la maison des Réfractaires en gîte, rénovation et extension de l'hôtel existant, projet de transformation d'une ferme en hôtel de luxe avec vue splendide sur le château: à l'instar de Versailles, Chambord devrait muscler son offre dans l'hôtellerie de charme. Avec à terme entre 100 et 150 chambres contre une quarantaine aujourd'hui.
A ces travaux s'ajoute une offre culturelle innovante. Le château a accueilli l'an dernier son premier festival de musique classique, avec de grands noms de la scène internationale. Lectures publiques d'écrivains, expositions d'art contemporain (Georges Rousse en ce moment), artistes en résidence, danse, théâtre complètent l'offre.
"On voudrait inciter le public à revenir à Chambord même lorsqu'il pense déjà connaître Chambord", reconnaît M. d'Haussonville.
Chambord a battu en 2011 son record historique de fréquentation (780.000 visiteurs payants dans le château, entre 1,5 et 2 millions de touristes sur le site, gratuit). La direction du château d'Etat, Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) depuis 2005, espère atteindre le million de touristes payants dans les prochaines années.