Le coureur français Mahédine Mekhissi, grande chance de médaille sur le 3.000 mètres steeple, est un athlète qui n’a jamais laissé indifférent, entre coups d’éclat sur la piste et nerfs qui lâchent.
La carrière de l’athlète né à Reims en 1985 a pris son envol en 2008. Cette année-là, il remporte les championnats de France du 3.000 mètres steeple, son premier titre en professionnel (l’année précédente il avait remporté les championnats d’Europe espoirs). Cette performance lui permet de participer aux Jeux Olympiques de Pékin 2008.
A lire aussi : Tout savoir sur Kevin Mayer, le décathlonien français
Une médaille d'argent inattendue
Qualifié pour la finale du 3.000 mètres, Mahedine Mekhissi parvient à rester au contact du peloton, et accroche la deuxième place (en 8’10’’49) dans le sprint final, à quinze centièmes de secondes du Kényan Kipruto. Dès lors, sa renommée ne va cesser de grandir, et il apparaît rapidement comme le seul européen capable de concurrencer les Kényans sur la distance. L’année 2009 est tronquée par une pubalgie qui l’empêche de participer aux Championnats du monde, mais le monde sait qu’un nouveau concurrent sérieux sur 3.000 mètres existe.
En 2010, Mahiedine Mekhissi confirme en remportant les Championnats d’Europe de Barcelone, s’imposant devant son compatriote Bouabdellah Tahri. La même année, il améliore son record personnel lors du Mémorial Van Damme de Bruxelles, qu’il remporte devant le Kényan Paul Kipsiele Koech. Un temps et une performance qui assoient sa position parmi les meilleurs du monde.
Un mauvais caractère lourd de conséquences
Pourtant, il va connaître un important coup d’arrêt en 2011. Son mauvais caractère lui joue pour la première fois des tours lors d’un meeting de la Diamond League à Monaco, le 22 juillet 2011. Mahiedine Mekhissi-Benabbad et Mehdi Baala, un autre athlète français, règlent un différend en se battant sur la piste, devant le public et face aux caméras du monde entier. Les deux hommes sont suspendus pour 10 mois, et écopent de travaux d’intérêt général.
Ils sont néanmoins autorisés à participer aux Championnats du monde de 2011, à Daegu. Mahiedine Mekhissi y termine troisième derrière deux Kényans, Ezekiel Kemboi et Brimin Kiprop Kipruto, prouvant ainsi que cette suspension n’a rien entamé de son talent et de sa volonté.
2012 est une année colossale pour Mahiedine Mekhissi, avec les championnats d’Europe à Helsinki, puis les Jeux Olympiques de Londres. Lors de la première compétition, le coureur français conserve son titre continental, mais se fait une fois de plus remarquer pour son mauvais caractère. À l’issue de la course, alors que la mascotte vient vers lui un cadeau à la main, il réagit mal, jette le cadeau à terre, et pousse violemment la mascotte, qui s'avère être une fillette de 14 ans sous un costume.
Le respect de ses adversaires
Nouvelle polémique donc, mais cette fois sans sanction pour le Français. Lors des Jeux de Londres, Mahiedine Mekhissi montre une toute autre image de sa personne. Deuxième de la finale du 3.000 mètres steeple derrière le Kényan Ezekiel Kemboi, le Français conquiert une deuxième médaille d’argent. Surtout, il offre au public une superbe scène de joie avec Kemboi. Après un échange de maillot, le Français prend le Kényan dans ses bras. Une scène qui restera dans les mémoires.
Lors des championnats du monde d’athlétisme à Moscou en 2013, Mekhissi s’empare de la troisième place derrière Kemboi et Kipruto. Un résultat qui ne le déçoit pas, son objectif de la saison ayant été atteint quelques semaines plus tôt, au meeting d’Areva, où le coureur français s’empare du record d’Europe en 8'01''18.
Vraie force de caractère
En 2014, Mekhissi va une fois de plus payer très cher son impulsivité. En finale du 3.000 mètres steeple des championnats d’Europe de Zurich, Mekhissi, largement en tête, retire son maillot à une centaine de mètres de l’arrivée, avant la dernière barrière, tel un footballeur fêtant un but marqué. Mauvaise idée, puisque après avoir pris un simple avertissement dans un premier temps, il est finalement disqualifié suite à une réclamation de la délégation espagnole. Disqualifié, il cède son titre européen à son compatriote, Yoann Kowal.
Un coup dur qui n’entame en rien la détermination du coureur français, preuve en est avec ce troisième titre européen décroché cette année à Amsterdam sur le 3.000 mètres steeple. Bien que diminué par une année 2015 difficile (opération du pied puis rupture du tendon d’Achille), le coureur français fera partie des favoris de la finale olympique du 3.000 mètres steeple, mercredi 17 août aux alentours de 16h50.