En 15 ans, le prix du riz n'a jamais été aussi haut d'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Ce vendredi 8 septembre, l'agence relie cette situation aux restrictions à l'export décidées par l'Inde.
Alors que les prix alimentaires mondiaux ont dans leur ensemble légèrement reculé le mois dernier, celui du riz a atteint son niveau le plus haut depuis 15 ans. Ce vendredi 8 septembre, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a évoqué une augmentation de 9,8% sur un mois enregistrée en août.
Après un petit rebond en juillet, l'indice FAO des prix des denrées alimentaires repart pourtant à la baisse, notamment en raison du recul des prix des céréales, des huiles végétales, de la viande et des produits laitiers. Il affiche un retrait de 11,8% par rapport à la même époque l'an dernier, et de 24% par rapport au pic de mars 2022, juste après l'invasion russe de l'Ukraine.
Une hausse de plus de 30% sur un an
Mais les prix du riz, céréale la plus consommée au monde avec le blé, n'ont pas suivi cette dynamique. En cause : la décision prise le 21 juillet dernier par l'Inde d'interdire l'exportation de riz blanc non basmati, soit environ le quart de ses exportations habituelles de riz.
L'objectif de New Delhi était de conserver suffisamment de cette céréale pour ses habitants, tout en limitant les hausses de prix, déjà survenues avant l'été. En août, l'indice FAO des prix du riz accusait une augmentation de 31% sur un an.
Selon l'organisation, le marché s'est tendu face aux «incertitudes quant à la durée de l'interdiction» décidée par l'Inde et aux «craintes que les restrictions à l'exportation soient étendues à d'autres types de riz».
Trois quarts des stocks mondiaux détenus par la Chine et l'Inde
L'Inde assure 40% du commerce mondial de riz, devant la Thaïlande, le Vietnam et le Pakistan. Le pays vend des quantités de brisure de riz à l'Afrique, notamment au Sénégal, au Nigeria, à la Côte d'Ivoire ou au Bénin, ainsi qu'en Asie (Pakistan, Philippines) et au Moyen-Orient (Turquie, Syrie).
Dans son communiqué, la FAO explique que de nombreux Etats ont choisi de «conserver des stocks», de «renégocier des contrats» ou même «d'arrêter de faire des offres de prix» face à cette situation tendue. A titre d'exemple, les Philippines ont noué ce jeudi un accord avec le Vietnam en vue de sécuriser pour cinq ans leurs importations de riz.
Des stocks qui ne manquent pas
Le riz ne manque pourtant pas puisque, selon l'agence onusienne, «les stocks mondiaux» devraient atteindre «leur plus haut niveau jamais enregistré [...] à la clôture des campagnes de commercialisation de 2023-2024».
Sauf que près des trois quarts de ces stocks, estimés à 198 millions de tonnes, devraient être détenus par la Chine et l'Inde seules alors que, dans le même temps, les réserves totales de riz des autres pays devraient tomber à leur plus bas niveau depuis quatre ans.
Pour ne rien arranger, l'inquiétude pèse également sur les prochaines récoltes, qui pourraient être perturbées par El Niño, ce phénomène climatique cyclique au-dessus du Pacifique associé à une augmentation des températures mondiales. Cette même crainte a alimenté une légère hausse de l'indice FAO des prix du sucre en août (+1,3%).