A l’approche de la rentrée, le gouvernement met les bouchées doubles pour faire baisser les prix dans les supermarchés. Des engagements ont été pris par les industriels et les distributeurs auprès du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
Faire une croix sur certains produits, privilégier les marques distributeurs, doubler de vigilance pour ne pas dépasser son budget… L’inflation fait désormais partie du quotidien des Français, qui y sont confrontés tous les jours pour faire leurs courses, et notamment à l’approche de la rentrée scolaire.
Lors de son discours de rentrée, le 24 août dernier, Bruno Le Maire a affirmé vouloir faire de la lutte contre l’inflation la priorité de l’année à venir. Une semaine plus tard, ce jeudi 31 août, il a commencé à dessiner les contours de sa stratégie, reposant sur les compromis entre le gouvernement, les distributeurs et les industriels.
La veille, ce sont les représentants de la grande distribution qui étaient reçus à Bercy pour discuter avec le ministre. Ils ont une nouvelle fois demandé à pouvoir renégocier les industriels, sans quoi la baisse des prix en magasin pourrait n’avoir lieu qu’à partir de mars, date de fin des prochaines négociations, qui n’ont théoriquement lieu qu’une fois par an. Ce jeudi, ces industriels, qui approvisionnent les grandes surfaces, étaient justement à leur tour reçus par le ministre.
Blocage des prix de certains produits
Bruno Le Maire a ainsi annoncé sur France 2 les engagements pris lors de ces négociations à Bercy. Il a fait part du blocage de prix de 5.000 produits en supermarché. «Les industriels et les distributeurs s'engagent sur 5.000 références qui seront contrôlées par la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Il y aura des contrôles sur les engagements qui sont pris : 5.000 produits dont les prix ne doivent plus bouger, ou bouger à la baisse», a-t-il expliqué. La liste précise des produits doit être communiquée ultérieurement.
Alors que les industriels de l’agroalimentaire sont souvent pointés du doigt, notamment par les distributeurs, pour leur manque d’effort, Bruno Le Maire a tenu à souligner les engagements pris par certains, notamment le groupe Danone, «qui a baissé le prix de son pack de yaourts», tout comme le litre d’huile Lesieur. Des baisses qui n’ont pas été répercutées en magasin, puisque certaines enseignes de grande distribution ont profité des rabais des industriels pour grossir leurs marges. Il a aussi cité certains groupes, comme Unilever, Nestlé ou PepsiCo qui «pourraient faire beaucoup plus».
Négociations anticipées
«Répercussion obligatoire et immédiate de la baisse des prix des industriels sur les prix en rayons, pour que le consommateur en bénéficie, contrôle de la DGCCRF, et sanction si jamais ça n’est pas respecté», a résumé Bruno Le Maire.
Par ailleurs, le ministre de l’Économie a annoncé la tenue anticipée des négociations entre les industriels et les distributeurs, qui devaient normalement avoir lieu de décembre jusqu’au 1er mars. «Les 75 plus grands industriels vont s’engager dès maintenant dans les négociations tarifaires avec les distributeurs. Normalement, c’était à la fin de l’année. Ils vont commencer dès le mois de septembre, jusqu’au 15 octobre, à ouvrir ces négociations, avec un objectif : avoir des baisses de tarif dès le mois de janvier 2024», a-t-il assuré, ce qui ferait gagner trois mois aux Français. Il a également évoqué un «texte de loi qui gravera dans le marbre l'anticipation de cette négociation».
«Nous sommes d'accord sur le principe, qui permet de faire cesser cette suspicion selon laquelle nous ne voudrions pas négocier», a déclaré à l’AFP Jean-Philippe André, le président de la principale organisation du secteur (Ania). Il a toutefois demandé que «quel que soit le dispositif qui soit mis en place, il faut faire attention à ne pas défavoriser les PME» du secteur.