Dans "Prémonitions", l’acteur britannique Anthony Hopkins, consacré par son rôle du Dr Lecter dans "Le silence des agneaux", incarne un médium aux prises avec un tueur doué des mêmes talents.
Depuis la diffusion de la série "Médium" avec Patricia Arquette sur NBC en 2005, le cinéma s’est emparé du créneau et de nombreux longs-métrages racontent dorénavant comment certaines enquêtes de police ont été démêlées grâce aux facultés télépathiques. Cette semaine, "Prémonitions" s’inscrit dans ce sous-genre du thriller en y apportant une réflexion intéressante et une identité visuelle forte.
Médecin aux pouvoirs médiumniques et collaborateur occasionnel de la police d’Atlanta, le Dr John Clancy (Anthony Hopkins) s’est retiré du monde après le décès de sa fille. Un jour, un ex-confrère de la police criminelle lui rend visite pour lui demander son aide sur une affaire qui lui donne du fil à retordre. En effet, un tueur en série sévit depuis plusieurs semaines et les enquêteurs, sans aucune piste, sont sur les dents.
Réticent à revenir aux affaires, Clancy sort néanmoins de sa retraite devant l’urgence des faits. Au gré des indices que laisse l’assassin sur les scènes de crime, il va découvrir que celui-ci a toujours un coup d’avance et que selon toute vraisemblance il posséderait les mêmes facultés que lui. Un duel débute alors entre eux pour savoir qui saura le mieux déjouer les prédictions de l’autre.
Le beau rôle de Hopkins
Célèbre pour son rôle du serial killer Hannibal Lecter, l’acteur du "Silence des agneaux" passe ici du côté des bons. Rides profondes, regard bleu pénétrant, Hopkins est l’interprète idéal pour incarner cet homme usé par la vie et par les épreuves, et qui replonge, malgré lui, dans la monstruosité du crime. Quand, finalement, le personnage accepte la traque et qu’il devient chasseur à son tour, le jeu glisse subtilement d’un désenchantement à une tension plus palpable.
L’euthanasie en toile de fond
Pressenti un temps pour devenir la suite de "Seven", le classique de David Fincher avec Brad Pitt sorti sur les écrans français en 1996, le scénario de "Prémonitions" aborde la question morale de l’euthanasie. En effet, dans ce thriller fantastique réalisé par le Brésilien Afonso Poyart, le tueur machiavélique et "magnanime", interprété par l’acteur irlandais Colin Farrell, prend pour cible des individus condamnés. Peut-on s’octroyer le droit de donner la mort ? Le film pose la question de façon originale mais non moins sincère.
"Prémonitions", d’Afonso Poyart, avec Anthony Hopkins, Colin Farrell, Abbie Cornish et Jeffrey Dean Morgan. En salles.
La bande-annonce de "Prémonitions" :
La palette sans limites d’Anthony Hopkins :
Inquiétant
Long-métrage qui a marqué une génération entière, "Le silence des agneaux" (1991) lui offre un rôle légendaire. Celui du terrorisant Dr Hannibal Lecter, psychopathe cannibale et trouble consultant de la jeune inspectrice du FBI Clarice Starling. Le film de Jonathan Demme est devenu un classique du genre et la prestation d’Hopkins une référence.
Emouvant
En 1994, Anthony Hopkins révèle la fragilité de son jeu dans le drame du réalisateur James Ivory "Les vestiges du jour". Il y incarne un majordome qui, après trente ans de bons et loyaux services pour une grande famille d’aristocrates britanniques, remet en question son existence. Il reçoit pour ce rôle le David di Donatello du meilleur acteur étranger.
Bluffant
Souvent appelé par les cinéastes pour incarner des personnages réels (Richard Nixon, Pablo Picasso…), il joue les caméléons dans "Hitchcock". Le film, sorti en France en 2013 et réalisé par Sacha Gervasi, revient sur la genèse du film culte du maître du suspense, "Psychose". Portant des prothèses pour le grossir, Hopkins est méconnaissable et médusant.