Au coeur de l'incendie, les militaires de la Sécurité Civile de Brignoles (Var) disposent désormais d'un nouvel équipement capable d'évacuer une dizaine de personnes en moins de cinq minutes: une nacelle héliportée, jusqu'ici utilisée notamment par le GIGN.
"A l'heure où on compte l'argent public, utiliser le même matériel pour deux missions différentes, c'est faire preuve de synergie", se félicite le commandant de l'Unité d'instruction et d'intervention de la Sécurité civile n°7 de Brignoles, le colonel Pierre de Villeneuve, fier de diriger un régiment "sans arme".
Baptisée Escape (Engin Suspendu pour réCupération Active de Personnes Exposées), cette nacelle, utilisée notamment par le GIGN lors de ses opérations commandos, servira désormais "à sauver des populations", ajoute-t-il: sapeurs-sauveteurs ou pompiers en intervention, randonneurs, habitants de maisons menacées par le feu...
C'est après les inondations de Draguignan (Var) en juin 2010 (23 morts, deux disparus), que s'est imposée la nécessité de trouver une alternative au simple hélitreuillage, qui ne permet de sauver qu'une personne à la fois.
Ce mardi, un ultime test était prévu dans le massif de la Loube, dans le cadre de l'opération Héphaïstos (du nom du dieu grec du feu, NDLR), conçue pour faire face à une aggravation, pendant la période estivale, des risques de feux de forêt en zone méditerranéenne.
Ce plan permet le déploiement de 200 militaires, 60 véhicules et trois hélicoptères (deux Pumas et une Gazelle) aux côtés des forces de la protection civile.
Après avoir consulté la carte météorologique du bassin de risque des feux de forêt, reçue chaque matin et actualisée trois fois par jour par Météo France, le capitaine Emmanuel Chapeau précise l'intervention à venir lors d'un rapide "briefing opérationnel".
L'objectif du jour, "sur un feu débuté hier, inaccessible par des moyens terrestres, est d'éviter la propagation des flammes au-delà de cette ligne de crête", montre le capitaine sur une carte d'état-major, avant de lancer le "départ dès que prêt".
Les Pumas se déploient alors dans le ciel bleu azur. Très vite, après être descendus au moyen d'une corde lisse jusqu'au sommet du col, les sapeurs entreposent au sol "bâches d'eau" de 1.000 litres déposées à chaque rotation d'hélicoptère, tuyaux (jusqu'à 2 km) et autopompes portatives.
Un détachement d'une dizaine de militaires, avec 40 kg de matériel sur le dos, monte alors vers la ligne de crête, mais "pris" par le feu, il faut vite les évacuer.
"Début de la manoeuvre d'évacuation" lance alors dans son talkie-walkie le chef de l'opération au capitaine Nicolas Brosselin, du 3e régiment d'hélicoptères de combat d'Etain (Meuse), qui pilote l'un des Pumas.
L'hélicoptère s'immobilise entre 30 et 40 mètres au-dessus du sol et par un câble, la nacelle, fermée tel un parapluie géant, descend avant d'être ouverte par le chef du détachement.
Chaque sapeur s'harnache, se cale dos au mât central et moins de trois minutes plus tard, la nacelle remonte dans le ciel, avec les pompiers à bord. En situation extrême, la nacelle permet d'évacuer une quinzaine de personnes pour un poids maximum d'1,5 tonne.
"C'est une réelle plus-value pour extraire du personnel en urgence dans des délais très courts", se félicite le capitaine Chapeau.
Autre avantage sur l'hélitreuillage, notamment pour les évacuations de civils, l'appréhension est moindre car, "étant assis sur une structure stable, on a moins peur qu'au bout d'un treuil, les jambes dans le vide".
Un apport supplémentaire pour cette unité de 580 hommes et femmes, entraînés pour faire face, en France et à l'étranger, autant à des catastrophes naturelles (tempête Xinthia, séisme en Turquie) qu'à des crises sanitaires (Haïti, Japon).
En 2011, 1.420 hectares ont brûlé en zone méditerranéenne, soit la plus faible surface depuis trois ans.