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Auvergne-Rhône-Alpes : des polluants éternels détectés dans l'eau de plus de 160.000 habitants

Les PFAS sont dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, ce qui les a amenés a être utilisés dans la confection de nombreux objets du quotidien. [Adobe stock/yanadjan]

Publiés ce lundi 15 janvier, des résultats d'analyse de l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes montrent que l'eau de consommation d'une cinquantaine de communes est contaminée par des polluants éternels.

Que boivent les habitants d'Auvergne-Rhône-Alpes quand ils consomment l'eau du robinet ? Des polluants éternels, appelés PFAS, pour plus de 160.000 d'entre eux. C'est ce que révèlent les résultats d'analyse publiés ce lundi 15 janvier par l'Agence régionale de santé (ARS).

Les taux enregistrés sont supérieurs au seuil de référence européen mais, pour l'heure, la consommation de cette eau n'a pas été interdite. Pour la première fois, l'ARS a toutefois demandé des mesures correctives à la cinquantaine de communes concernées.

Elles se situent pour la plupart dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon (Rhône), et ont été contraintes de présenter au plus vite un plan d'action, sous peine d'être mises en demeure. L'ARS leur a donné trois ans pour mettre en place «les mesures de leur choix» afin de revenir sous le seuil de 100 nanogrammes par litre, a expliqué le directeur de la santé publique de l'agence, Aymeric Bogey.

Des polluants quasi-indestructibles

Les PFAS constituent une famille de composés poly- et perfluoroalkylés regroupant plus de 4.700 molécules. Ils sont dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, ce qui les a amenés à être utilisés dans la confection de nombreux objets du quotidien : poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles...

Leur caractère quasi-indestructible leur vaut d'être classés parmi les «polluants éternels». Avec le temps, ils s'accumulent dans l'air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et même dans le corps humain. Selon de première études, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité et même favoriser certains cancers en cas d'exposition prolongée.

En l'occurence, Aymeric Bogey a assuré que les résultats d'analyse publiés par l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes ne sont pas synonymes de «risque immédiat pour la population». Mais, puisqu'«en l'état des connaissances actuelles, on ne sait pas à partir de quel niveau de PFAS il y a un risque avéré, [...] on ne peut pas attendre» pour agir.

Plusieurs plaintes déposées

D'après Christel Lamat, responsable régionale eaux, l'ARS s'est concentrée sur les ressources en eau «potentiellement à risque», et notamment sur huit situations clairement au-delà de la limite qualité.

Deux communes sont déjà revenues en dessous du seuil fixé après avoir pris des mesures. C'est le cas de la ville de Rumilly, en Haute-Savoie, où se trouve une usine Tefal. En 2022, elle a renoncé à deux captages contaminés après la découverte de PFOA dans ses nappes phréatiques. Cette substance est interdite depuis 2020 en raison de son caractère cancérigène. En novembre, la ville de Valence (Drôme) a de son côté mis en services une station de traitement des PFAS.

Globalement, deux solutions principales sont soumises aux collectivités pour régler le problème : le traitement par charbon actif mais aussi la possibilité de «se connecter à d'autres réseaux pour diluer la ressources ou se priver du captage problématique».

De nombreux contrôles ont été lancés en 2022, notamment après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques sur le sujet. Ces derniers mois plusieurs plaintes collectives pour «mise en danger de la vie d'autrui» ont été déposées par des collectivités et des particuliers qui s'inquiètent de «concentrations alarmantes» de PFAS liés à des sites industriels dans la vallée de la chimie.

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