Tromper le cerveau pour mieux apprendre à réutiliser ses bras, ses mains ou ses jambes. C'est la technique mise en avant par la société Dessintey avec son système d'écran en miroir pour accompagner les patients dans des services de rééducation des hôpitaux.
C'est une petite révolution pour contribuer à retrouver une autonomie si précieuse. Plusieurs services médicaux français commencent à adopter une nouvelle technologie pour accompagner principalement les patients victimes d'AVC. Parfois partiellement paralysés d'un membre, ces derniers peuvent apprendre à d'autres parties de leur cerveau à commander des muscles.
Au gré de séances de rééducation, les patients peuvent en effet réapprendre à utiliser leurs membres et leurs mains. La société française Dessintey mise sur la «thérapie miroir augmentée», où un patient se retrouve face à un écran qui lui donne l'impression de voir bouger son bras ou sa main pour saisir un objet par exemple. CNEWS s'est rendu au sein de la clinique du Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) afin de découvrir comment les ergothérapeutes accompagnent leurs patients.
Stimuler le cerveau
«Un tel dispositif intervient en complément des séances de rééducation que nous prodiguons auprès des personnes atteintes d'AVC mais aussi celles atteintes de certains troubles cognitifs, explique pour CNEWS Adrien, ergothérapeute au sein de cette clinique. Une telle technologie ne s'adresse d'ailleurs pas à tous les patients touchés par un tel accident, nous l'utilisons lorsque les patients ont pu être pris en charge de manière suffisamment précoce afin d'utiliser au mieux l'élasticité du cerveau. Car en suivant ce principe, on sait que certaines zones de cet organe peuvent être activées lorsqu'on les stimule pour compenser la motricité qui a été perdue après un AVC.»
© n.cailleaud/CNEWS
Face à l'appareil de Dessintey, le patient s'installe assis et glisse son bras. Après une première partie dédiée au calibrage, les exercices peuvent commencer. «Il s'agit de faire travailler le mimétisme. L'écran montre un mouvement, par exemple serrer son poing, et le patient va tenter de reproduire l'exercice. La répétition de la vidéo va avoir pour effet de stimuler le cerveau pour reproduire le mouvement. On n'obtient pas de résultats immédiats, mais à force de répéter les séances plusieurs fois par jour, les patients se voient progresser. Bien sûr, ce programme vient en complément d'autres exercices», explique l'ergothérapeute qui rappelle que ce type de thérapie était déjà utilisée avec un miroir. L'ajout technologique permet ici d'y ajouter l'imagerie motrice et l'observation d'une action à travers un écran qui vient simuler une vue subjective.
Vers un espoir aussi pour la marche
Cette technique de représentation mentale est actuellement utilisée dans plus de 150 établissements hospitaliers à travers le monde. Mais Dessintey, qui a nommé sa technologie IVS (Intensive visual simulation), vient de franchir un nouveau pas dans ce domaine. En septembre dernier, la société a présenté une version adaptée pour réapprendre à marcher. «Jusqu’à 50 % des victimes d'AVC sortent du centre de réadaptation en fauteuil roulant, et seulement 10 % retrouvent la capacité de marcher en extérieur seuls et sans aide technique», précise Dessintey.
© Dessintey
Là encore, l'écran vient se superposer et donne l'illusion au patient que ses propres jambes marchent. A force de répétition des exercices, le cerveau ainsi trompé parvient à stimuler les membres.
«La vision joue un rôle essentiel dans les premières étapes de reconstruction de l’image du corps et du contrôle moteur. Avec cette immersion intense, cette technologie IVS permet au patient de réintégrer un membre fonctionnel sain et de se focaliser sur la représentation du mouvement analytique», conclut Nicolas Fournier, CEO de Dessintey.