La pollution numérique représente actuellement près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit l'équivalent de la pollution générée par le trafic aérien. Pourtant des gestes quotidiens très simples permettraient de réduire ces effets peu respectueux de l'environnement.
En France, «les impacts moyens annuels de l’utilisation du numérique sur le changement climatique sont similaires à 2.259 km en voiture par habitant», explique l'Ademe dans son baromètre de janvier 2022.
Supprimer les mails inutiles
Stocker un mail non-lu ou devenu inutile après son ouverture dans votre boîte personnelle ou professionnelle coûte environ 4 grammes d'émission CO2 à la planète par an. Et lorsque l'on sait que chaque Français posséderait entre 10.000 et 50.000 courriels susceptibles d'être supprimés, on peut imaginer l'impact écologique de leur stockage à l'échelle de la population nationale. En effet, chaque courriel est contenu dans des serveurs installés dans des centres de données (data center) énergivores. Afin de comprendre cet impact, sachez que 65 mails stockés ainsi représentent en émission CO2 l'équivalent d'un trajet d'un kilomètre avec une voiture à essence.
Dans les faits, le ministère de la Transition écologique recommande de supprimer les mails inutiles, les spams ou les courriels non-lus et que vous ne lirez jamais. Prendre le temps de nettoyer régulièrement votre boîte mail est donc un premier geste simple d'accès. Une fois dans la corbeille virtuelle, pensez également à vider celle-ci.
En outre, un courriel comportant une pièce jointe (photo, pdf...) peut consommer 20 grammes de CO2 par an pour son stockage. Préférez, quand c'est possible, fournir un lien de téléchargement dans votre mail, via des plates-formes de stockage de données éphémères, comme WeTransfer par exemple.
Nos activités en ligne créent une pollution bien réelle : la production et la consommation numérique représentent 3,7% des émissions mondiales de gaz à effets de serre.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons limiter cet impact. Explications par @ademe dans ce #JeudiAntiGaspi pic.twitter.com/wDO9osACHT— Ministère de l’Écologie (@Ecologie_Gouv) October 8, 2020
Préférer un appel téléphonique à une visioconférence
Avec le boom du télétravail et la pandémie qui a renforcé la distanciation sociale, les logiciels et applications permettant de passer des appels vidéos et des visioconférences (Teams, Zoom, WhatsApp, FaceTime, Google Meet...) ont vu leurs usages bondir. Et pourtant, tous ont un impact important en termes d'émission de gaz à effet de serre.
Une heure de visioconférence avec caméra allumée ou de streaming émet 150 g à 1 kilo de dioxyde de carbone, selon une étude menée fin 2020 par les universités de Purdue, de Yale et de l'Institut de Technologie du Massachusetts aux Etats-Unis. Il est donc fortement conseillé de couper la caméra si cela est possible durant les conférences et de vous interroger sur la nécessité de choisir de passer par une visio, si l'échange peut se faire simplement par téléphone.
Et à l'heure où l'on consomme de plus en plus de vidéos en streaming, sachez que regarder une vidéo en haute définition de 10 minutes sur un smartphone équivaut à utiliser à pleine puissance un four électrique de 2.000 W pendant 5 minutes.
Vider l'historique et le cache de votre ordinateur
Tout comme supprimer les mails stockés sur les serveurs qui consomment des ressources et finissent par générer du CO2, vider l'historique, les cookies et le cache de votre ordinateur régulièrement est un geste qui peut aider la planète, selon l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Un petit geste qui allège votre ordinateur ou votre smartphone et l'aide à mieux tourner.
Lorsque cela est possible, privilégiez également le stockage de vos données sur un disque dur local ou en périphérique. Le Cloud, basé sur des serveurs, est lui aussi très énergivore. Interrogez-vous donc sur l'utilité de garder ou pas vos photos, vidéos, documents dessus. Certaines sont peut-être vitales ou importantes et le méritent, d'autres peut-être moins ?
Choisir des appareils pouvant être réparés facilement
En janvier 2021, la France a imposé aux constructeurs d'appareils électroniques d'indiquer un indice de réparabilité sur l'emballage. Pour l'heure, seulement cinq catégories de produits sont concernées : les téléphones portables, les téléviseurs, les ordinateurs, les lave-linges et les tondeuses à gazon électriques. Il est important de regarder cet indice avant votre achat, si vous souhaitez faire un geste pour l'environnement. En effet, un produit facilement réparable pourra traverser les années et pourra même être plus aisément reconditionné si vous vous en séparez.
Retenez également que smartphones, tablettes et ordinateurs représentent à eux seuls «47 % des émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique», selon l'agence parisienne du climat.
Enfin, sachez que l'Europe réfléchit à rendre obligatoire prochainement un nouvel indice de durabilité, cette fois-ci afin de lutter contre l'obsolescence programmée.
Recycler vos appareils en fin de vie
Si vous vous séparez de vos appareils électroniques, interrogez-vous d'abord si l'appareil est encore en état de marche ou peut être réparé. Lui offrir une deuxième vie en le revendant d'occasion (après avoir effacé vos données) ou bien en le vendant à une entreprise spécialisée dans le reconditionnement est une bonne pratique. Cela permet de rallonger sa durée de vie et de permettre parfois à des personnes avec moins de budget d'accéder au monde numérique.
Enfin, si l'appareil en question est en panne et ne peut être réparé, son recyclage est la meilleure solution. Il convient de le déposer dans un point de collecte de déchets d’équipements électriques et électroniques. Il en existe plus de 1.200 en France et il y en a forcément un près de chez vous. Sachez également que certaines entreprises peuvent en collecter auprès de leurs salariés.