Les personnes dont la date de validité de la carte bancaire s'achève en 2022 pourraient se retrouver sans nouvelle carte pour faire leurs achats. La faute à la pénurie de composants qui complique leur production.
«Si la situation était déjà compliquée en 2021, elle pourrait l'être encore plus en 2022», annonce à CNEWS Cuong H. Duong, président et CEO de Linxens, société qui fournit plus de la moitié des connecteurs équipant les puces de nos cartes bancaires dans le monde. Et cette pénurie touche l'ensemble du secteur. «Avant octobre 2020, lorsque nous commandions des puces, nous avions un délai de trois mois pour être livré, puis ce délai est passé de 4 à 6 mois. En 2022, ces mêmes fournisseurs parlent désormais de 9 à 12 mois», avertit le dirigeant qui estime que les clients des banques risquent de ne pas recevoir leur carte à temps au moment de leur renouvellement.
Un vrai problème en «raison de l'effet boule de neige» que pourrait avoir un tel manque sur l'économie mondiale, des consommateurs pouvant se retrouver dans l'impossibilité d'effectuer des achats, qui passent aujourd'hui principalement par le biais des cartes bancaires. Si l'idée de prolonger exceptionnellement leur durée de validité a été émise, cette solution s'avère difficile à mettre en place dans l'immédiat, cela impliquant d'investir dans des systèmes jugés trop coûteux pour une situation exceptionnelle.
Vers un retour à la normale début 2024 ?
En 2021, encore 3,1 milliards de cartes bancaires ont été fabriquées et envoyées à travers le monde, mais la chute de production pourrait être plus brutale l'an prochain. «Le secteur des industries de la carte à puce n'a pas prévenu aussitôt les responsables politiques de l'industrie automobile afin de prendre certaines décisions qui auraient permis d'éviter cette pénurie et la situation pourrait ne pas revenir à la normale avant fin 2023, voire début 2024», estime Cuong H. Duong. Car ce secteur est également tributaire d'autres industries qui réclament certains composants identiques. C'est le cas par exemple des constructeurs automobiles qui sont touchés par cette pénurie et qui avaient mal anticipé les commandes ainsi que la reprise d'activité.
La spéculation sur certains composants, les problèmes de production des matières premières et une production ralentie dans certaines usines, notamment en Asie du Sud-Est, en raison du Covid-19 comptent parmi les causes de cette pénurie inquiétante.
Autre point, la hausse des prix qui touche la production de composants. Après une première vague de croissance où les tarifs ont augmenté de 15 à 20 %, certains composants vont bondir de 40 à 45 %. «Or les entreprises réalisent de faibles marges sur ce type de production», conclut Cuong H. Duong.