C'est un rapport qui tire la sonnette d'alarme. L'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) conseille, dans une étude publiée ce lundi, de retirer de la circulation - ou au mettre à jour - certains portables mis en vente avant 2016.
La raison ? Ils émettent trop d'ondes et dépassent les normes les plus récentes quand ils sont portés dans la poche d'une veste. «La durée moyenne d'usage d'un téléphone étant de quelques années (3-5 ans), un certain nombre de ces téléphones sont vraisemblablement toujours utilisés aujourd'hui», souligne le directeur général de l'Anses, Roger Genet, dans un rapport publié lundi.
Interrogée par l'AFP, l'Anses n'a précisé ni le nombre ni le nom des modèles visés. En cause, le DAS (débit d'absorption spécifique) de ces modèles, indicateur qui évalue la quantité d'énergie absorbée par le corps exposé à des ondes. La réglementation stipule que ce DAS ne doit pas dépasser la valeur de 2 watts par kilo (W/kg).
Ce DAS est mesuré en laboratoire avant la mise sur le marché des portables. Avant 2016, la distance d'éloignement utilisée pour le mesurer pouvait aller jusqu'à 2,5 cm entre le téléphone et le corps. Mais en avril 2016, les normes ont été durcies pour évaluer les téléphones dans des conditions plus réalistes, très près du corps. Pour les rayonnements sur le tronc, c'est-à-dire lorsque le smartphone est dans une poche ou un sac, les émissions d'ondes sont désormais mesurées à 5 mm au maximum.
Conséquences: certains téléphones qui étaient conformes à la précédente réglementation ne le sont plus à la nouvelle, et leur DAS dépasse 2 W/kg si on le mesure à moins de 5 mm du corps. Dans son rapport, «l'Anses recommande que des mesures soient prises afin que les utilisateurs ne soient plus exposés à des DAS supérieurs à 2 W/kg, par exemple par le biais de mises à jour des logiciels des téléphones (ou) le rappel de téléphones».
En attendant, l'Anses préconise de ne pas transporter ces appareils trop près du corps. Pour parvenir à ces recommandations, l'Anses a tenu compte «des expositions potentiellement élevées lorsque les téléphones sont placés très près du corps» et «des incertitudes qui subsistent sur les éventuels effets sanitaires à long terme» des ondes émises par les téléphones.
Outre les modèles d'avant 2016, il arrive que des téléphones «présentant des valeurs de DAS élevées lorsqu'ils sont placés près du corps (soient) encore mis sur le marché», rappelle l'Anses. C'est pourquoi un autre organisme, l'Agence nationale des fréquences (ANFR), procède régulièrement à des contrôles.
Entre 2017 et 2019, l'ANFR «a détecté 16 téléphones non conformes à la nouvelle réglementation», avec un DAS supérieur à 2W/kg à 5 mm de distance. Cela a abouti l'an dernier au rappel de certains d'entre eux, comme le Neffos X1 du fabricant chinois TP-Link ou le Hapi 30 d'Orange, et à des mises à jour logicielles pour d'autres. Avant même le changement de réglementation en 2016, des tests avaient été menés au plus près du corps par l'ANFR, pour coller à des conditions d'utilisation plus réalistes que la distance d'éloignement alors en vigueur.
«Des tests sur près de 300 téléphones positionnés à proximité du tronc, au contact et à 5 mm de distance ont ainsi été réalisés entre 2012 et 2016», selon l'Anses. «Les résultats avaient révélé qu'une grande proportion des téléphones testés présentait des valeurs de DAS supérieures à la valeur de 2 W/kg, certaines dépassant 7 W/kg au contact», rappelle l'Agence.
L'Anses préconise de durcir encore la réglementation, «afin que les mesures (...) du +DAS tronc+ des téléphones mobiles soient effectuées au contact du corps».