Peur du vide, crainte des insectes, angoisse de l’avion, TOC... Les phobies sont multiples, mais il existe aujourd’hui de nouvelles solutions pour les vaincre. Et la réalité virtuelle constitue l’une des pistes privilégiées par certains professionnels de la santé, qui voient en cette technologie une alternative efficace pour accompagner les malades.
En atteste les travaux du Dr Stéphane Bouchard, titulaire de la chaire de recherche du Canada en cyber-psychologie clinique, qui explore depuis plus de 20 ans cette alternative. «La santé mentale est souvent le parent pauvre du domaine médical, souligne-t-il. Pourtant, la réalité virtuelle démontre que l’on peut traiter certaines phobies de manière efficace, sans sortir de son cabinet».
Présent à Paris cette semaine dans le cadre d’un colloque, ce professeur au département de psychoéducation et de psychologie met ses patients en condition face à leurs peurs. Différents logiciels permettent ainsi de se retrouver dans une pièce où se promène une araignée pour les arachnophobes, de marcher sur une planche fixée en haut d’un building pour les acrophobes ou encore d’être assis dans un avion pour les personnes tétanisées à l’idée de s’envoler. La réalité virtuelle permet ainsi de reproduire en 3D et à 360 ° toutes formes de situations.
Il n'y a pas besoin d'environnement réaliste pour y arriver.Dr Stéphane Bouchard
«L’intérêt est de permettre au professionnel de voir ce que voit le patient et de mieux comprendre ses réactions. On va alors être en mesure de tester leurs peurs afin de mieux les conseiller. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas besoin d’environnements réalistes pour y arriver», souligne le Dr Bouchard.
Une personne qui a la phobie des hauteurs, par exemple, va ainsi apprendre à réaliser qu’elle est en contrôle. Pour ce médecin, cette technologie devrait se généraliser d’ici à 10 ans dans les cabinets. D'autant que les professionnels, en recréant divers scénarios, n'ont pas à organiser des sessions à l'extérieur de leurs locaux. En outre, d'autres technologies sont actuellement expérimentées afin de pousser l'expérience virtuelle, notamment sur le plan olfactif avec des diffuseurs d'odeurs. Des combinaison haptiques, dotées de capteurs, sont aussi à l'étude afin de faire resentir le toucher.
«Tous ces éléments sont d'abord pensés pour les professionnels de la santé, il ne s'agit pas ici de créer des expériences que le grand public pourrait utilisé chez lui. Il s'agit d'un complément des traitements et suivis des patients», précise le Dr Bouchard qui propose ces expériences VR sur la plate-forme InVirtuo.
Un contexte adapté aussi aux métiers dangereux
Parallèlement, les entreprises se montrent intéressées par la VR pour la formation professionnelle de salariés qui sont confrontés à des situations dangereuses. La société française MiddleVR conçoit par exemple des environnements pour les techniciens chargés de gérer les installations de gaz, afin de mieux appréhender les risques. «Cela permet d'apprendre l'enchaînement des opérations sur des postes de simulations où l'on va faire vivre à la personne des cas concrets d'incidents», explique Sébastien Kuntz, fondateur de MiddleVR.