Du garage d’un jeune programmeur à Yerres (Essonne) au célèbre MoMa de New York où il s’expose, Another World appartient à ces œuvres qui ont contribué à faire entrer le jeu vidéo dans les arts.
La réédition sur Nintendo Switch, ce mois-ci, de ce titre culte édité en 1991 sur Amiga et Atari ST, évoque de nombreux souvenirs aux joueurs nostalgiques. Conçu intégralement par un seul homme, Eric Chahi, excepté pour sa partition musicale, Another World était un ovni dans la sphère vidéoludique.
«C’était un jeu atypique à une époque où les autres titres étaient orientés vers le fait de réaliser le meilleur score ou des jeux de rôle, explique Cyrille Imbert, patron de DotEmu. Il introduisait un aspect narratif cinématographique inédit, sans indication, tout y était alors raconté par l’image.»
Rotoscopie, polygones, images vectorielles, décors animés… Les procédés de programmation étaient originaux et jamais vus. L’idée étant de rendre crédible l’aventure de Lester Chaykin, jeune scientifique projeté dans une dimension parallèle, à la suite d’un incident dans son laboratoire.
DotEmu, studio parisien œuvrant à la sauvegarde du patrimoine vidéoludique, a travaillé de concert avec Eric Chahi pour restaurer son œuvre. Le créateur d’Another World a d'ailleurs conservé toutes les archives du jeu, y compris la cannette de Coca modélisée pour sa si célèbre introduction. «A une époque où les jeux vidéo étaient considérés comme des jouets pour enfant, Another World a su introduire un récit mature surprenant», souligne Cyrille Imbert. L’œuvre a eu une influence considérable et les créateurs des jeux phares Shadow of the Colossus ou Limbo n’ont jamais caché leur admiration pour lui.
Another World, DotEmu, sur Switch.