La Sacem a inauguré ce mardi 12 juin son musée numérique. Entièrement gratuit, il donne accès à ses archives et dévoile de nombreuses pépites, pour la plupart inédites, telles qu'un télégramme de Giuseppe Verdi datant de 1887.
Depuis 1851, la Sacem, société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique, défend les intérêts des artistes en négociant, collectant et répartissant les droits d’auteurs. Et ils sont nombreux, en près de 170 ans, à y avoir adhéré et déposé leurs partitions, leurs poèmes, leurs chansons, leurs compositions.
Une mémoire vive
De Tchaïkovski à Serge Gainsbourg en passant par Edith Piaf, Florence Foresti, Marguerite Duras, Guillaume Apollinaire, Jean-Paul Sartre ou encore René Goscinny, ils ont tous été sociétaires de la Sacem qui, au fil des années, a rassemblé quelques 30 kilomètres de documents, de demandes d’adhésion, d’examens d’entrée, de correspondances et de photographies.
C’est d’ailleurs lors d’une rencontre avec l’équipe des archives, il y a quelques années, que le directeur général de la Sacem, Jean-Noël Tronc, a réalisé à quel point ces rayonnages cachaient des trésors incroyables, rapporte Claire Giraudin, directrice de Sacem université qui a piloté le projet. Plutôt que de les laisser dormir, l'idée d’un musée germe. Après 18 mois de développement, ces archives sont désormais en accès libre sur la toile et témoignent des coulisses de la création d’hier et d’aujourd’hui.
Un patrimoine exclusive peuplé de pépites
Pour son inauguration, 3000 documents ont été scannés et sont présentés au grand public. Un fond qui sera enrichi, chaque année, de 1000 à 3000 documents.
Ces pièces uniques et inédites comptent de nombreuses pépites qui, chacune à leur façon, raconte une histoire. On y trouve par exemple l’examen d’entrée de Georges Brassens sur le thème «Les étrennes de mon amie». La Sacem y dévoile également la correspondance qu’elle a entretenue avec ces artistes, à l’instar d’un courrier confidentiel d’Edith Piaf, envoyé de Washington et daté du 17 juin 1955, interdisant toutes transactions financières en dehors de son mari et d’elle-même à la suite d’un changement de personnel, ou encore, sa demande de repasser son examen d'entrée, jugeant que son premier passage ne pouvait être bon puisqu'elle était souffrante.
© Fonds Sacem
Parmi les documents les plus anciens, un télégramme de Giuseppe Verdi, daté de 1887, fait également sensation. Le compositeur demande à la Sacem d’empêcher Monsieur Perny d’utiliser, dans ses concerts, des morceaux de son opéra Otello, créé à la Scala de Milan la même année.
Des documents bruts passionnants, auxquels s’ajoutent des chroniques construites comme autant d'histoires autour d'une chanson, d'un artiste et de son œuvre. Des interviews sont aussi proposées, comme celle de Serges Gainsbourg, à peine audible en 1984 alors qu'il sort son avant-dernier album «Love on the beat». Des expositions thématiques notamment sur la place des femmes dans la création, mai 68 et bien sur l’histoire de la Sacem viennent compléter cette approche muséale palpitante. Un patrimoine exclusif à consulter sans modération.