Gilles Kepel était l'invité du Grand Rendez-vous ce dimanche. L'universitaire spécialiste du monde musulman a notamment réagi à la montée de l’antisémitisme en France depuis le 7 octobre, distinguant «un antisémitisme d’ancienne souche et un antisémitisme qui vient du monde musulman porté par un antisionisme».
Moins d'un an après les attaques du 7 octobre perpétrées par les terroristes du Hamas en Israël et ayant provoqué la mort de plus de 1.100 Israéliens, les actes antisémites en France n'ont cessé d'augmenter. Ce à quoi Gilles Kepel, professeur des universités, a réagi ce dimanche lors du Grand Rendez-vous CNEWS-Europe 1-Les Echos, en distiguant deux types d'antisémitisme.
«Il reste un antisémitisme d’ancienne souche en France, qui considère que les juifs ne peuvent pas s’assimiler, ne seront jamais Français, qu’ils font leurs choses entre eux. Et vous avez aussi un antisémitisme qui vient du monde musulman, qui est à la fois porté par un antisionisme mais qui peut passer par de l’antisémitisme», a déclaré Gilles Kepel.
«le pire pogrom depuis la fin de la guerre»
«Quelle est la différence ? Le sionisme c’est une des visions de la réalisation du devenir juif, qui passe par la construction de l’Etat d’Israël. Vous aviez des visions concurrentes par exemple, chez les Ashkénazes d’Europe et le bouddhisme qui voulaient rester sur place, et vous avez aussi quelque chose dans le judaïsme qui oppose d’un côté la dimension diasporique, qui après tout a été l’histoire, la majorité des siècles de l’histoire du peuple juif se sont passés en diaspora, et la question du sionisme à partir de 848, la naissance de l’Etat d’Israël», a-t-il poursuivi.
«Disons que le sionisme était complètement prévalant dans l’identité juive mondiale. Les juifs en diaspora généralement, soutenaient l’Etat d’Israël de diverses manières», a affirmé le professeur des universités.
«Et là le 7 octobre, d’une certaine manière, indique que le havre, le refuge que représentait Israël tel que créé en 1947 par l’ONU pour faire un Etat juif qui les protègerait de tout pogrom, soudain, il y a le pire pogrom depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», a conclu Gilles Kepel.