Magistrats, anciens détenus ou encore députés, 643 personnes ont réclamé, mercredi 28 septembre, dans une lettre ouverte adressée à Elisabeth Borne, la mise en place d’un accès à Internet dans les prisons françaises. Une requête qui est loin de faire l’unanimité du côté des syndicats pénitentiaires.
Doit-on accorder un accès à Internet aux détenus ? C'est du moins ce que réclament près de 600 personnes dans une lettre ouverte à la Première ministre rendue publique ce mercredi 28 septembre. Ces magistrats, députés ou encore anciens détenus appellent à la mise en place d’un accès à Internet dans les prisons françaises, pour faciliter la réinsertion des détenus et réduire la «fracture numérique».
«Si l’interdiction de l’accès à Internet en prison n’est posée par aucune loi, elle y est pourtant totale», ont fait valoir les signataires, qui réclament un débat public et législatif sur le sujet. Ils estiment que «l’accès à Internet entre les murs est primordial pour reconnaître les personnes détenues comme sujets de droit, limiter l’exclusion sociale causée par l’incarcération et faciliter le retour à la vie libre».
Parmi les signataires, des responsables d’associations et de structures d’insertion, des conseillers de probation, des avocats, des magistrats et plusieurs députés dont Ségolène Amiot (LFI), Ugo Bernalicis (LFI) et Arthur Delaporte (PS).
Contrairement à l'Allemagne ou encore la Suisse, Internet reste en France essentiellement consulté par les personnes détenues via des téléphones portables introduits illégalement en cellule.
Une mesure qui ne ferait qu'accroître les dangers
En 2020, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté de l’époque, Adeline Hazan, avait estimé dans un rapport que cet accès devait être considéré comme «prioritaire». Elle avait considéré cette privation comme une «entrave» à de nombreux droits fondamentaux, dont la liberté d’expression, le droit à l’éducation ainsi que «le droit d’une personne détenue à la préparation de son retour au sein de la société».
D'ailleurs, une expérimentation avait été lancée en 2009 dans certaines prisons avant d’être abandonnée. L’administration pénitentiaire teste néanmoins en parallèle, un nouveau projet, appelé «Numérique en détention» (NED), un Intranet permettant par exemple de faire des commandes en cantine ou de gérer ses créneaux de parloir.
Cependant, pour les syndicats, cette mesure ne ferait qu'accroître les dangers. En effet, cela pourrait faciliter les évasions ou bien cela permettrait aux détenus de contacter les victimes. Les détenus pourraient trouver sur Internet des informations personnelles sur les surveillants, ajoute Yoan Karar, secrétaire général adjoint FO pénitentiaire. Néanmoins, ce danger existe déjà avec la présence des téléphones portables au sein des établissements pénitentiaires.