En prison, le travail salarié a largement baissé en France. En 2021, moins d'un tiers des détenus avaient une activité contre presque deux fois plus il y a 20 ans. Un phénomène qui est notamment dû à l’augmentation des détenus dans les prisons.
Le travail salarié et rémunéré se fait de plus en plus rare dans les prisons françaises. Pour preuve, selon l'Agence du travail d'intérêt général, seulement 31 % des détenus avaient une activité rémunérée en 2021, alors qu'ils étaient encore deux fois plus nombreux il y a une vingtaine d'années.
Pas assez de postes pour tout le monde
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse, notamment la surpopulation carcérale. Car, comme le souligne Dominique Verrière, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice à Lyon, si «le nombre de postes de travail n'a pas augmenté», «le nombre de détenus incarcérés a, lui, bien augmenté».
«Quand il y a plus de demandes que d'offres, et bien, c'est comme dehors, on se retrouve avec du chômage», ironise-t-il. Et cette situation risque encore de s'accentuer, à cause de la nouvelle réforme sur le travail en prison entré en vigueur en mai dernier.
«Avec la nouvelle rémunération viennent aussi de nouveaux droits, qui se rapprochent de ce qui s'applique à vous et à moi», avance Dominique Verrière, qui explique que «ce qu'on appelait avant un simple contrat d'engagement va devenir un véritable contrat de travail».
Une activité vitale ?
Environ 400 entreprises offrent un travail aux détenus, qui peuvent toucher des salaires compris entre 250 euros par mois pour un travail au service général de la prison et 315 euros par mois en atelier, et ce, alors qu'en France, la majorité des détenus sont sans études et sans aucun diplôme au moment de leur incarcération.
Une activité vitale au bon déroulement quotidien de la vie dans la prison, mais aussi très important pour aider à la réinsertion des détenus et, qui permet une certaine «perméabilité entre la société et le milieu carcéral» rappelle Pascal Savoldelli.
Pour le sénateur communiste du Val-de-Marne (94), ce «rapport d'utilité sociale» est d'autant plus important que «la prison ne doit pas être une parenthèse fermée, d'inutilité sociale». «Il faut partir du principe que les détenus vont revenir à l'extérieur, dans la société», ajoute-t-il.