Le 14 mars 2022 marquera en France l’allègement des mesures sanitaires mises en place par le gouvernement pour faire face au Covid-19. Concrètement, le pass vaccinal ne sera plus demandé, et le masque ne sera plus obligatoire dans les lieux clos, sauf dans les transports en commun. Mais est-ce vraiment raisonnable de retirer le masque dès lundi prochain ?
La question est décisive dans la mesure où si le nombre de patients hospitalisés continuait de baisser jeudi, le nombre de contaminations, lui, est reparti à la hausse. Ainsi, le nombre de nouveaux cas positifs s'élevait jeudi à 74.818 contre 60.225 la semaine précédente.
Cette tendance à la hausse pourrait être liée à la rentrée scolaire des vacances de février, la recrudescence des cas de Covid-19 étant davantage marquée dans les départements des zones A et B où la rentrée s'est faite respectivement les 28 et 21 février.
Guillaume Rozier, fondateur de l'appli CovidTracker, qui permet notamment de suivre l'évolution de l'épidémie, se montrait toutefois prudent vis-à-vis des chiffres affirmant que si «une reprise épidémique semble débuter (...) il va falloir attendre quelques jours avant de l’affirmer».
Protéger les plus fragiles
Sur la question du port du masque, l'épidémiologiste Martin Blachier considère, lui, que ce n'est pas vraiment la hausse du nombre de cas qu'il faut considérer pour savoir s'il faut le garder ou non, mais plutôt la nature même du coronavirus qui est à prendre en compte. Interrogé sur CNEWS par Pascal Praud, il a ainsi déclaré que «la sévérité du Covid a atteint celle de la grippe et qu'on n’a pas une maladie qui est plus sévère que la grippe [...]». Dans ce contexte, cet allègement est important et nécessaire et il faut, dit-il, «normaliser la situation et aller vers ce freedom day de lundi (NDLR : jour de la liberté) où on enlève le masque à l’intérieur.»
En revanche, également sollicité par CNEWS, Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation à l’hôpital Lariboisière à Paris, reste vigilant notamment au sujet des personnes à risque : «Il n’y a pas de raison de rétablir des mesures de restriction particulières, mais simplement de recommander aux personnes fragiles, non vaccinées ou immuno-déprimées d’être extrêmement vigilantes et de porter le masque dans les espaces clos», a-t-il déclaré.
Cette philosophie va d'ailleurs s'appliquer aussi dès lundi dans les écoles. A la suite d'une réunion organisée jeudi 10 mars 2022 entre Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, les organisations syndicales et les autorités de santé, il a ainsi été décidé d'alléger le protocole sanitaire le faisant passer du niveau 2 au niveau 1. Concrètement, cela signifie que si le port du masque ne sera pas obligatoire en intérieur dans les établissements, il restera recommandé dans certains cas, notamment pour les élèves fragiles.
Les prévisions de l'Institut Pasteur plutôt optimistes
Reste que la fin du masque pour la plupart des élèves va aussi se conjuguer à la reprise des cours d'EPS qui pourront avoir lieu à l'intérieur sans restriction, et surtout à la levée de la distanciation physique qui était jusqu'à présent de mise. Il va donc y avoir davantage de brassage entre les élèves et si d'autes gestes barrières comme le lavage des mains régulier, l'aération des salles de classe et la désinfection des surfaces seront maintenus, l'épidémie pourrait davantage encore repartir.
Nous explorons des scénarios où le relâchement des mesures augmente encore les contacts à partir du 14 ou du 7 mars. Dans tous les scénarios, le pic des cas reste très inférieur au pic de janvier. pic.twitter.com/0aT13jgHka
— Simon Cauchemez (@SCauchemez) March 10, 2022
A cela s'ajoute le fait, et comme le premier ministre, Jean Castex, l'avait annoncé, le 3 mars dernier, outre les écoles la fin du port du masque à partir de ce lundi 14 mars va aussi s'appliquer «dans tous les lieux là où il est encore applicable», soit dans les commerces, les entreprises ou encore les administrations – mais pas dans les transports, les établissements de santé et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Pourtant, malgré cela, les modélisations réalisées par les chercheurs de l’Institut Pasteur ne montrent pas de rebond épidémique malgré l’allègement du protocole sanitaire. Publiées le jeudi 10 mars 2022, ces prévisions sont plutôt rassurantes. Elles montrent l’évolution du virus depuis le début de l’année jusqu’au mois d’avril, quelques semaines après la levée du port de masque le 14 mars. Les modélisations illustrent un pic de contaminations à la suite des allègements du protocole sanitaire, mais bien en-dessous de celui connu au mois de janvier. Autant d'arguments qui permettent d'être raisonnablement optimiste sur la fin du port du masque même si la vigilance reste de mise.