Pour son livre «Les Fossoyeurs» (Ed. Fayard), le journaliste Victor Castanet a récolté des témoignages alarmants sur de graves manquements dans les EHPAD gérés par le groupe français Orpéa. L'auteur dénonce une obsession de la rentabilité au sein du groupe privé.
L'ouvrage décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont «rationnés» pour améliorer la rentabilité de l'entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.
Une auxiliaire de vie raconte par exemple à quel point elle devait «se battre pour obtenir des protections» pour les résidents.
«Les soignants sont cantonnés à deux ou trois protections hygiéniques par résident par jour. Des personnes sont laissés inchangées et restent dans leur urine ou leurs selles toute la journée», confirme auprès de CNEWS Marie, ancienne salariée d'une résidence Orpéa parisienne.
Orpéa chute en bourse
Le livre, dont les bonnes feuilles sont publiées dans Le Monde, revient également sur les conditions de la mort de l'écrivaine Françoise Dorin en janvier 2018, des suites d'une escarre mal soignée, moins de trois mois après son entrée dans un des établissements du groupe Orpéa.
«De telles attaques ne sont malheureusement pas nouvelles mais sont extrêmement violentes dans un contexte où nos équipes sont encore plus mobilisées depuis deux ans par la crise sanitaire», déplore Orpéa, qui indique avoir saisi ses avocats pour donner «toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire», à la publication du livre afin «de rétablir la vérité des faits».
Le choc provoqué par les témoignages est parvenu jusqu'à l'Assemblée nationale, où les députés socialistes ont demandé que les parlementaires puissent disposer d'un droit de visite dans les EHPAD, sur le modèle de ce qui se pratique pour les lieux de privation de liberté.
Patron des députés LR, Damien Abad a lui demandé la mise en œuvre d'Etats généraux de la dépendance tout en attaquant le gouvernement sur sa gestion de la crise sanitaire dans les EHPAD.
Ce mardi, le titre en bourse du groupe Orpéa, leader mondial du secteur des EHPAD, a perdu plus de 16%, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande de la société.