Adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale, rejetée par les sénateurs, puis revenue à l'agenda de l'Assemblée, avant d'être finalement retirée au dernier moment... Depuis un an, la proposition de loi «visant à renforcer le droit à l'avortement» connaît un parcours mouvementé. Alors qu'une manifestation pro-avortement se tient ce samedi, que réclament concrètement les militants et les bénévoles ? Reportage dans un planning familial.
Lauriane est médecin au planning familial à Paris. Elle reçoit des femmes âgées de 16 à 45 ans qui choisissent la méthode médicamenteuse. Pour la majorité d'entre elles, l'avortement est un sujet tabou.
«Souvent, elles ont peur qu’il y ait une trace, que ce soit marqué quelque part parce qu’encore une fois, c’est tabou, il y a une connotation négative qui reste dessus. Certaines femmes nous ont rapporté des phrases très dures de leur gynécologues», explique ainsi Lauriane.
Chantal, quant à elle, est bénévole depuis 10 ans au planning familial. Tous les jours, elle a, en ligne, des femmes pour qui l'avortement est devenu interdit, car elles ont dépassé le délai légal.
«Certaines frisent la vingtaine de semaines, et là c’est plus inquiétant. Il faut partir à l'étranger, payer, se déplacer».
La loi française limite en effet le recours au droit à l'avortement à 12 semaines, contre 22 chez la plupart de nos voisins européens. Pour l'association, rallonger le délai en France est une priorité absolue. C'est ce qu'affirme Bénédicte Paoli, membre du bureau national du planning familial. Chaque année, entre 3 000 et 5 000 femmes doivent partir à l'étranger pour avorter.