Martin Blachier était l'invité de Sonia Mabrouk dans Midi News, sur CNEWS. L'épidémiologiste s'est exprimé sur la vaccination et notamment la possibilité de rendre celle-ci obligatoire.
Au coeur des interrogations figure le variant Delta du coronavirus. Cette souche ultra-contagieuse du SARS-CoV-2 représente désormais 20 % des nouvelles contaminations en France, a annoncé cette semaine le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Alors que la plupart des vaccins à ARN restent efficace contre ce variant, le débat fait donc rage quant à savoir s'il ne faut pas rendre la vaccination obligatoire, du moins pour le personnel soignant en première ligne face au virus.
Et pour Martin Blachier, médecin épidémiologiste et cofondateur de Public Health Expertise (PHE) - une société de conseil et modélisation épidémique - la réponse ne peut être à l'évidence que «oui».
un gain «automatique» d'immunité
Son premier argument est de dire que cette obligation aura un effet «automatique», faisant gagner au moins «dix points de vaccination» dans les statistiques.
«On le sait, on l’a vu sur toutes les mesures, pour l’instant le fait que (le vaccin) ne soit pas obligatoire, ça veut dire qu’on permet aux gens de ne pas le faire. Si on vous permet de ne pas le faire, c’est peut-être parce qu’il y a une ambiguïté (doivent-ils se dire)», appuie-t-il.
Son autre raisonnement tient au confinement dans la mesure où une nouvelle série de restrictions pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur la population et dans la vie du pays.
Dans l'attente que le gouvernement règle formellement la question - un projet de loi pour rendre la vaccination obligatoire aux soignants est en préparation - d'autres instances vont dans le même sens que le docteur Blachier en tirant la sonnette d'alarme.
Selon l'Institut Pasteur, la France risque ainsi «un scénario du pire» à l'automne, si malgré la campagne vaccinale en cours, la part de la population immunisée reste insuffisante.
D'autant plus qu'à l'étranger, de vents mauvais soufflent prêts à atteindre la France. Le Delta est par exemple déjà responsable d'une troisième vague au Royaume-Uni, mais les vaccins ont prouvé leur utilité en réduidant le nombre d'hospitalisations et de décès.
D'après Bruce Aylaward, expert auprès de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il faudrait «vacciner 60 % de la population mondiale pour enfin stopper l'épidémie». Un chiffre en théorie atteignable, mais beaucoup plus difficilement en pratique.