En Ile-de-France, le niveau d'occupation des services de réanimation a déjà dépassé celui de la deuxième vague. L'Agence régionale de santé demande donc aux hôpitaux de faire encore des efforts supplémentaires.
Pas moins de 1.348 malades sont actuellement en soins critiques, ce mardi 23 mars au soir. Et ils seront probablement plus de 1.500 d'ici la fin de la semaine, estime l'ARS.
«Les chiffres [de ce mardi], qu'il s'agisse des entrées en réanimation ou en hospitalisation conventionnelle sont particulièrement élevés. Nous n'avions pas connu un nombre d’entrées aussi haut en 24h depuis la première vague», a souligné Martin Hirsch, le président de l'AP-HP dans un message à ses équipes ce mercredi 24 mars.
En conséquence, il a été demandé ce mardi aux établissements de se préparer à augmenter le nombre de places disponibles en soins critiques, jusqu'à 2.200 lits. Et pour libérer de la place et des soignants, de nouvelles opérations de chirurgie vont devoir être annulées.
«Une éventuelle très forte vague»
«Il faut se mettre en ordre de marche pour préparer une éventuelle très forte vague. On déprogramme des opérations pour redéployer du personnel et des structures afin d'armer des lits de réanimation», a expliqué ce mercredi sur CNEWS le Pr Jean-Louis Téboul, chef du service réanimation de l'hôpital du Kremlin-Bicêtre.
Ainsi, de 40 % de déprogrammations ordonnées depuis le 8 mars, ce niveau pourrait bientôt atteindre 80 %, selon le directeur général de l'ARS Aurélien Rousseau. C'est le «palier 4» du plan de bataille de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France face au virus.
Hier, le système de santé d’IdF s’est engagé vers notre «palier 4». La cible: 2250 lits de réa covid dispo. Défi immense, autant que l’est l’épuisement. Comme depuis 1 an, les soignants prendront leur part mais cela ne suffira pas. Chacun, au quotidien, peut freiner l’épidémie.
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) March 24, 2021
Celui-ci avait été activé lors de la première vague, qui avait vu les hôpitaux de la région accueillir jusqu'à 2.668 personnes en soins critiques, au pic du 8 avril 2020. Mais à cette période, il n'y avait quasiment pas de patients hors Covid.
Lors de la deuxième vague, ce chiffre n'était monté «que» jusqu'à 1.138, le 12 novembre. Le «palier 3» avait été enclenché, prévoyant jusqu'à 60 % de déprogrammations d'opérations. En sachant qu'en temps normal, la région parisienne dispose d'environ 1.100 lits de réanimation.
«Le nombre d'hospitalisations pour Covid augmente de plus en plus vite en Ile-de-France. Nous ne tiendrons pas longtemps à ce rythme ou pire si il continue de s'accélérer. Je ne vois pas d'autres options qu'un vrai confinement», s'est inquiété Rémi Salomon, président de la commission médicale de l'APHP.
De quoi interroger sur l'efficacité du confinement annoncé jeudi par Jean Castex. «Ces mesures restrictives de freinage sont au final relativement légères. Il y a un assez fort consensus dans la communauté scientifique sur le fait qu'elles ne seront pas suffisantes», a anticipé sur CNEWS le Pr Jean-Louis Téboul, chef du service réanimation de l'hôpital du Kremlin-Bicêtre.
Le nombre d'hospitalisations pour covid augmente de plus en plus vite en Ile-de-France. Nous ne tiendrons pas longtemps à ce rythme ou pire si il continue de s'accélérer.
Je ne vois pas d'autres options qu'un vrai confinement.— Rémi Salomon (@RemiSalomon) March 24, 2021
Sans oublier que les déprogrammations d'opérations peuvent avoir des conséquences très lourdes sur la santé des malades. «A terme, cela entraîne un risque de sur-hospitalisation et de sur-mortalité. Mieux vaut retirer un polype en prévention que soigner un cancer», avait souligné à Cnews le docteur Etienne Fourquet, président du Syndicat des anesthésistes-réanimateurs.
Quant à l'autre solution envisagée, le transfert «massif» de patients vers le reste de la France, le nombre d'évacuations sanitaires ne semble pas suffisament élevé pour donner de l'air aux hôpitaux de la région parisienne.