Le débat autour du mot «islamophobie» agite le monde politique et intellectuel. Une bataille sémantique qui existe depuis l’apparition du terme dans le débat public et qui a été relancée par les récentes déclarations du philosophe Henri Peña-Ruiz lors de l’université d’été de La France Insoumise.
Ses propos déchirent le mouvement. Henri Peña-Ruiz a estimé que «l’on a le droit d’être athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe. En revanche, on n’a pas le droit de rejeter des hommes ou des femmes parce qu’ils sont musulmans».
Un «droit d’être islamophobe» qui a suscité l’indignation de certains députés jusque dans les rangs du mouvement de gauche. «Je suis (et fière d’être) membre… de La France Insoumise, un mouvement révolutionnaire… laïque et antiraciste. Qui ne défend pas le "droit d’être islamophobe "», a tweeté la député Danièle Obono.
Mais au sein du mouvement, des voix s'élèvent pour défendre le philosophe comme le député Bastien Lachaud qui sur son blog écrit que «la haine d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de sa religion est un délit qui doit être sévèrement puni. Mais la critique d’un dogme ne l’est pas (…) Les propos d’Henri Peña-Ruiz se rangent sans ambiguïté dans la critique du dogme».
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon semble donc divisé en cette rentrée politique. Et tandis que la polémique enfle, Henri Peña-Ruiz s’est défendu sur l’antenne de CNEWS de racisme estimant ses propos sont sortis de leur contexte : «une calomnie peut se diffuser à la vitesse de la poudre, et avec une paire de ciseaux, on peut charcuter un discours et lui faire dire le contraire de ce qu'il dit».
Un débat sur le terme «islamophobie» qui oppose deux camps. D’un côté, ceux qui estiment que sa signification concerne la critique d’une religion, en l’occurrence l’islam, et qu’ils sont en droit de le faire. De l’autre, ceux qui voient dans ce mot la définition de la stigmatisation d’une religion et de ses pratiquants. Des positions qui semblent irréconciliables.