C'est un immense chantier en plein Paris, où l'on pénètre en tenue de sécurité, non sans une certaine appréhension. Trois mois après l'incendie qui a ravagé Notre-Dame, l'heure est encore à sécuriser et panser les plaies de la cathédrale, face aux risques d'éboulement et d'effondrement.
«Il y a un endroit de la croisée des transepts qu'il va falloir surveiller», avertit Philippe Villeneuve, l'architecte en chef de Notre-Dame, lors d'une visite de chantier. «On ne peut pas intervenir (sur place), il va falloir laisser tomber le caillou mais s'assurer que personne autour ne soit touché».
Si le joyau gothique a plutôt résisté à l'incendie du 15 avril, «on n'est pas du tout dans la (phase de) restauration, on est encore dans l'urgence impérieuse de sécurisation» avec la voûte qui peut s'effondrer, souligne celui qui est au chevet de la cathédrale depuis 2013.
Les travaux avancent vite, assurent les équipes en place. C'est aussi l'avis du ministre de la Culture Franck Riester, venu mercredi sur place, au lendemain de l'adoption au Parlement du projet de loi de restauration.
Sous la haute voûte de Notre-Dame, deux robots s'affairent et ramassent des gravats, morceaux de bois et tas de pierres indistincts noircis par l'incendie. Ces machines sont les seules à pouvoir accéder à certains endroits, rendus dangereux par les risques d'éboulement.
«Rien ne va à la benne, rien ne va à la décharge», souligne Philippe Villeneuve. Chaque gravat est répertorié, trié et analysé de façon à obtenir une connaissance ultra-précise et scientifique de la cathédrale. Quel est l'âge des bois ? A quelle température ont été exposées les pierres ? Autant de questions qui permettront ensuite de la restaurer au mieux.
De nouvelles connaissances
Une soixantaine de personnes, ouvriers et compagnons présents sur place, sont sur le pont. Leur actualité est la pose de cintres sur les arc-boutants, à raison d’un par jour et de 28 au total, pour les solidifier. Ensuite, il faudra installer un plancher sous et sur la voûte, puis enlever les bâches posées quelques jours après la catastrophe.
Dans la cathédrale subsiste une légère odeur de brûlé, prenant à la gorge. Ceux qui ont le nez dans la poussière portent des masques spécifiques, nécessaires, sachant que le site est pollué au plomb provenant notamment de la flèche et de la toiture.
Une fois la sécurisation du site terminée, dans plusieurs mois, l'heure sera à l'état des lieux, puis au diagnostic et au chiffrage du devis de restauration. « Aujourd'hui, c'est beaucoup trop tôt », indique le ministre. Le délai de cinq ans promis par le président Macron pour restaurer la cathédrale, «ce n'est pas du tout la question aujourd'hui. La question, c'est la sécurisation de Notre-Dame».