L'écologie s'invite dans nos jardins... À Cosswiller dans le Bas-Rhin, Eric Wasser a imaginé et construit une maison qui a pour architecte : le soleil.
La maison du futur. A Cosswiller dans le Bas-Rhin, l'Heliodome, une maison économe aux allures d'immense toupie de verre et de bois, puise son énergie dans la course de l'astre pour apporter une réponse architecturale à l'urgence climatique.
La façade, orientée plein sud, est une gigantesque verrière de 160 m2 et 10 mètres de haut, quadrillée de métal. Inclinée vers le sol, elle évoque, au choix, une toile d'araignée ou un diamant. Le toit, plat, est lui aussi incliné.
A l'intérieur, un élégant escalier donne sur trois vastes niveaux, d'une superficie totale de 200 m2. Béton et bois, l'ensemble est épuré. Un piano trône au rez-de-chaussée où règne une étonnante fraîcheur pour cette fin juillet en Alsace, où le mercure tutoie les 30°.
Fraîche en été, agréable en hiver, le tout sans climatisation ni chauffage, ou presque : «ça m'arrive parfois de faire une petite flambée» dans un poêle d'appoint, confie le concepteur de l'Heliodome, Eric Wasser, ébéniste et designer de 65 ans.
Le chauffe-eau, lui, est alimenté par les panneaux solaires sur le haut de la charpente.
«Déclic»
L'hiver, l'Heliodome couvre jusqu'à 80% les besoins thermiques, explique le concepteur Eric Wasser. Le secret ? Une bonne isolation (laine de bois et liège), une orientation plein sud, une bonne inertie et, surtout, la verrière et son étonnante inclinaison, pensées pour tirer le maximum du soleil en fonction de sa trajectoire, quotidienne et annuelle.
Lorsqu'il est bas en hiver, ses rayons frappent directement le verre qui profite au maximum de leur chaleur. Haut en été, ils ne peuvent directement l'atteindre, laissant la verrière dans l'ombre. Autre paramètre crucial : la latitude, déterminante pour calculer le degré d'inclinaison de la façade.
Un Heliodome en Europe du nord aura une verrière plus inclinée que dans le sud tandis qu'à l’équateur, elle sera droite, explique cet ancien meilleur ouvrier de France qui a consacré plusieurs décennies à peaufiner un concept dont il a déposé le brevet et qui lui a valu le concours Lépine en 2003.
Eric Wasser ne construira son premier Heliodome qu'une dizaine d'années plus tard, sur le terrain familial de Cosswiller, à l'ouest de Strasbourg où il vit avec son épouse Caty, artiste-verrier. Le couple y accueille les nombreux visiteurs intrigués par cet ovni architectural qui jouit d'une belle couverture médiatique, mais a longtemps peiné à conquérir un plus large public : pour l'heure, seule une dizaine d'Heliodome ont vu le jour, en France, en Suisse et en Allemagne.