Un an avant le mouvement #MeToo, le harcèlement sexuel avait déjà été dénoncé lors de l’affaire Fox News en 2016. Dans «Scandale», qui a reçu l'Oscar du meilleur maquillage et coiffure, Charlize Theron, Nicole Kidman et Margot Robbie incarnent les journalistes qui ont renversé le patron de la chaîne, Roger Ailes.
L’histoire de cet homme médiatique surpuissant, mort en 2017, a déjà fait l’objet d’une série, baptisé «The loudest voice» et actuellement sur Canal+, qui retrace ses années passées à la tête de Fox News. Ce producteur renommé ayant travaillé auprès des présidents Richard Nixon et George Bush père, au moment où il quitte la chaîne CNBC pour rejoindre l’entreprise News Corp de Rupert Murdoch en 1995, est remarquablement intégré par Russell Crowe, totalement métamorphosé.
Dans cette adaptation sur grand écran signée Jay Roach, et dont le scénario est signé Charles Randolph (oscarisé pour «The Big Short»), c’est au tour de John Lithgow de se glisser dans la peau du prédateur qui fantasme sur ses employées. Des faits choquants et dérangeants, alors que le procès du producteur Harvey Weinstein se tient actuellement aux Etats-Unis.
Jusqu’en 2016, Gretchen Carlson, jouée par Nicole Kidman, était la présentatrice vedette de la chaîne d’information conservatrice. Connue pour avoir animé l’émission matinale «Fox & Friends», cette ancienne Miss America qui animait ensuite «The Real Story» est licenciée et décide de lever le voile, à l’été 2016, sur les agissements du président fondateur de la chaîne d’information en continu.
Rapidement, Gretchen Carlson est rejointe par Megyn Kelly (Charlize Theron), autre présentatrice et ancienne avocate qui avait interrogée le candidat à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump, sur son sexisme, pendant les débats des primaires républicaines. Cette dernière accuse son patron d’avoir voulu l’embrasser à de nombreuses reprises, sans nier qu’elle était prête à tout pour gravir les échelons. Idem pour Kayla Pospisil (Margot Robbie), personnage fictif, à qui Roger Ailes demande lors d’une entrevue de relever sa robe jusqu’à apercevoir ses sous-vêtements. En échange, il lui promet une carrière sur le petit écran.
Des victimes face à l'adversité
«Megyn est le centre narratif du film. Elle est notre Dante, celle qui nous emmène dans les entrailles de ce monde. Gretchen est le centre moral, en ce sens qu’elle définit le problème et fait le choix le plus héroïque. Et Kayla est le centre émotionnel de notre histoire : c’est à elle que l’on s’identifie quand elle subit le harcèlement. L’histoire de Kayla est celle que l’on entend le moins souvent ; celle de la femme qui cède à un harceleur, c’est à travers elle que l’on voit ce que cela signifie dans une vie. Je ne voulais pas faire porter ce fardeau à une vraie personne, j’en ai donc fait un personnage fictif», explique le scénariste, Charles Randolph.
Bénéficiant d’un traitement narratif chronologique, ce long-métrage qui s’inspire donc d’une des affaires les plus médiatiques de ces dernières années dans les coulisses de la télévision américaine, doit surtout sa réussite à l’interprétation de ces trois actrices principales. En particulier, Charlize Theron qui se confond totalement avec son personnage.
#Oscars: #Bombshell wins best makeup and hairstyling https://t.co/vwYTjM4KoL pic.twitter.com/G2KWYwD0pY
— Variety (@Variety) February 10, 2020
L’actrice et productrice sud-africaine, qui milite pour l’égalité salariale à Hollywood, a adopté les tenues aux teintes acidulées que portait la star de «The Kelly Five», a travaillé sa voix en écoutant de multiples enregistrements au volant de sa voiture, et a passé trois heures par jour au maquillage pour ressembler à Megyn Kelly avec sa mâchoire carrée. Une performance remarquable qui lui a valu une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. Le prix a finalement été décerné à Renée Zellweger pour «Judy» lors de la 92e cérémonie qui s'est tenue le 9 février, à Los Angeles.