Pour la première fois depuis 2005, une finale de Grand Chelem se déroulera sans Novak Djokovic, Roger Federer, Rafael Nadal ou Andy Murray, ce qui relance le débat sur la fin du règne sans partage de ce "Big Four".
Après les coups de tonnerre qui ont frappé samedi Roger Federer et Novak Djokovic, leurs tombeurs Marin Cilic et Kei Nishikori ont rendez-vous lundi pour l'une des finales les plus inattendues de l'histoire de l'US Open.
Ils ont aussi ramené le tennis masculin dans le passé, avant l'ère "Big Four", le surnom donné aux quatre joueurs qui se partagent les titres du Grand Chelem et les honneurs depuis dix ans.
Avant l'US Open 2014, la dernière finale sans membre du "Big Four" avait opposé à l'Open d'Australie 2005 le Russe Marat Safin à l'Australien Lleyton Hewitt.
Depuis, 38 tournois du Grand Chelem ont été disputés et il y avait toujours au moins l'un des "Quatre Fantastiques" en finale.
Plus impressionnant encore, seuls deux titres leur ont échappé durant cette période: l'US Open 2009 (Juan Martin Del Potro) et l'Open d'Australie 2014 (Stan Wawrinka).
Cilic, 16e mondial, et Nishikori, 11e mondial, ont peut-être projeté le tennis masculin dans une nouvelle ère, sans joueur(s) capable(s) de faire la loi sur la durée.
Lorsque la question lui a été posée après sa défaite sans appel contre Cilic (6-3, 6-4, 6-3), Federer a difficilement conservé son calme.
Federer agacé
"Vous aviez déjà lancé cette histoire après l'Australie et on a vu ce qui s'est passé à Roland Garros et à Wimbledon", a rappelé "Gentleman Roger", agacé par ce sujet qui avait surgi après la sacre de son compatriote Stan Wawrinka en janvier à Melbourne.
Depuis, Nadal a poursuivi sa domination sur la terre battue de Roland-Garros et Djokovic s'est imposé à Wimbledon.
"Vous avez une nouvelle occasion d'en parler, vous pouvez écrire ce que vous voulez, mais moi je ne le pense pas", a fini par répondre Federer.
Le sujet énerve l'ancien N.1 mondial qui a remporté 17 titres majeurs, le dernier remontant à Wimbledon 2012.
Sans le tenant du titre Rafael Nadal, blessé à un poignet et avec Andy Murray retombé au 9e rang mondial après son opération au dos, la domination du "Big Four" ne reposait plus à New York que sur Djokovic et Federer.
L'exemple Wawrinka
Les deux qui avaient disputé un total de 53 demi-finales en Grand Chelem, contre une seule à leurs adversaires, ont chuté le même jour, face à des joueurs au profil différent: l'un, Cilic, s'appuie sur un service et un coup droits redoutables tandis que l'autre, Nishikori, est un incroyable relanceur à la condition physique phénoménale.
Mais n'en déplaise à Federer, tous deux reconnaissent qu'ils ne font plus aucun complexe face aux cadors du circuit.
"J'ai disputé la finale d'un Masters 1000 (Madrid, ndlr) et j'ai déjà battu des joueurs de ce calibre", a rappelé Nishikori.
Cilic a été encore plus catégorique.
"Wawrinka, en remportant l'Open d'Australie, nous a ouvert la porte: je pense que maintenant, les joueurs du +deuxième cercle+ croient plus en leurs chances dans les tournois du Grand Chelem", a souligné le Croate entraîné par Goran Ivanisevic.
"Wawrinka a fait un tel bond si rapidement que je me suis dit qu'en travaillant, c'était aussi possible pour moi", a résumé le 16e mondial.
Du coup, la liste des prétendants aux titres du Grand Chelem pourrait sensiblement s'allonger avec les grands espoirs comme Milos Raonic, Grigor Dimitrov ou Ernests Gulbis, ou même David Ferrer ou Jo-Wilfried Tsonga, vainqueur du Masters 1000 de Toronto, tournois qui ne sont plus non plus la chasse gardée du "Big Four".
Mais Federer n'est pas prêt à abdiquer: "Je ne suis pas très loin, je tenterai à nouveau ma chance en Australie", a-t-il prévenu.