Victor Robert s’est installé dans le fauteuil de présentateur du Grand Journal de Canal+ le 5 septembre dernier. Et déjà, lui et ses équipes ont su imprimer une nouvelle dynamique à ce rendez-vous incontournable de la chaîne cryptée.
Bonne humeur, actualité, culture, etc. Victor Robert ne boude pas son plaisir et compte bien continuer à faire évoluer une émission dans laquelle chacun continue de trouver ses marques.
Votre sentiment quelques jours après vos débuts à la tête du Grand Journal ?
Il y a une très belle ambiance dans l’équipe. La bonne humeur commence dès le matin et se poursuit jusqu’au plateau le soir. C’est agréable de travailler dans ces conditions. On démarre. Il y a quelques petites choses à mettre en place, mais d’un point de vue général, on est plutôt confiant et on sait qu’on va travailler dans la bonne humeur. Ce qui est déjà pas mal.
Vous écoutez les critiques, ou au contraire, vous préférez ne pas y prêtez pas attention ?
La question n’est pas d’y prêter attention ou pas. Chacun son métier. Il y a des gens dont le métier est de critiquer – et pourquoi pas après tout, c’est leur travail – mais au final, les choses se passent beaucoup plus facilement que ça. Dans l’ensemble, on a eu de bons articles, et les réseaux sociaux sont plutôt positifs. Alors c’est vrai qu’on les regarde quand ça nous arrange, bien sûr. Quand ce n’est pas bien, on dit que ça ne représente personne. Mais quand c’est bien, ça fait plutôt plaisir. Je fais un métier où on me demande de lire des livres, d’aller voir des films, d’écouter des disques, de m’informer sur l’actualité internationale, tout ça dans une bonne ambiance, c’est une chance.
Donc je tiens à rester décent. Je suis concentré sur mon travail. Que ce soit des critiques ou des compliments, tout ça ne sert qu’un petit égo, que je n’ai pas – enfin que j’ai peut-être, mais que j’ai placé ailleurs. Je me lève tous les matins avec Le Grand Journal après avoir déposé mon fils à l’école, et je me couche avec Le Grand Journal. C’est une émission qui prend beaucoup de temps à préparer. Il y a deux, trois, parfois quatre invités le soir, qui ont écrit des livres, qui ont fait des films, qui ont composé des disques, donc je n’ai pas le temps de me concentrer sur tout ça. J’ai conseillé à tout le monde de ne pas s’arrêter sur les critiques.
Et on avance. Entre les techniciens et le reste des équipes qui travaillent sur Le Grand Journal, c’est un énorme boulot. On est dans la construction. On est dans la création. On est dans l’amélioration. Alors si on commence à tenir compte de tout ce qui se dit, on perd énormément de temps et d’énergie.
La formule actuelle pourrait-elle évoluer au cours de l’année ?
Franchement, elle évolue déjà. On n’est pas là à se dire que tout est super. Tous les soirs après l’émission, on se dit «tiens, ça ce n’était pas bien», «ça, faut le modifier». On y réfléchit sans arrêt pour essayer de s’améliorer.
Vous faîtes attention autant au rythme de l’émission qu’à son contenu…
C’est simple, on regarde tout au millimètre pour qu’elle soit la plus efficace possible, la plus agréable à regarder, et qu’elle corresponde aussi aux gens qui nous regardent, ou qui souhaiteraient nous regarder. On essaie de faire ce qu’on sait faire. C’est la raison pour laquelle je suis sur Canal+.
Avec une partie en cryptée, et une autre en clair, la pression des audiences est-elle la même que celle des années précédentes ?
C’est une autre lecture. Je vois certains médias qui continuent de nous mettre au cœur d’une compétition à laquelle on ne participe plus. Peut-être que Canal+ décidera d’y retourner un jour. Mais cette année, on nous a demandé de faire une première partie pour les abonnés, et une deuxième partie qui est en continuité totale avec la première.
Nous, on fait une émission pour que les gens qui arrivent à 19h45 ne soient pas largués et puissent voir une émission qui soit compréhensible pour eux. On est en contre-programmation total. C’est-à-dire que, cette année, on a décidé de sortir un peu du bouillon politico-médiatique pour se concentrer sur l’actualité de société, économique, et culturelle essentiellement. C’est notre choix en face des JT, en face d’émissions qui sont un plus tournées vers la politique et l’actualité fraîche. Nous, on va essayer de proposer une autre actualité, et puis faire de la culture, promouvoir tout ce qui s’y passe, promouvoir aussi les programmes de la chaîne – et on ne s’en cache pas – et c’est tout ce qu’on nous demande.
Et moi ça me plaît. Avec de l’actu, un invité culturel, une miss Météo que j’adore, Ornella Fleury, qui a beaucoup de talent. C’est une partie à part entière pour ceux qui arrivent en clair. Après, on est sorti complètement de tout ça. Canal+ l’a dit. Ils veulent une émission qualitative où on ne se prend plus la tête avec les audiences. C’est cyclique tout ça. Le marché n’est plus le même que celui d’il y a 15 ans. Il est hyperconcurrentiel. Il y a une offre à cette heure-là qui est incroyable. La télé a changé.
Quel est votre objectif d’ici la fin de la saison ?
Partir en vacances tous ensemble (rires). Il y a du travail, et tout est perfectible. Après, le truc génial, c’est qu’il y a des gens dans l’équipe que je ne connaissais pas. André Manoukian, je l’ai contacté par texto, et je lui ai dit que j’aimerais beaucoup travailler avec lui. Il m’a répondu modestement «bah moi aussi j’aimerais beaucoup travailler avec vous». Et voilà, on s’est rencontré comme ça, et c’est un mec génial.
Alice (Darfeuille, ndlr), je la connais depuis qu’elle est arrivée à ITélé, et elle est comme une cousine. Ele Asu, je la connais très bien. Brigitte (Boréale, ndlr) est une amie depuis 10 ans, et était un ami avant. Avec Lamine (Lezghad, ndlr), on s’est rencontré au mois de juin, on ne se connaissait pas. On est devenu une bande de copains très rapidement. Moi, je travaille toujours comme ça. Je suis là, je conduis le paquebot, et il y a une équipe derrière qui est toute aussi importante.
Et quand il y a un groupe de personnes qui travaille avec vous toute la journée, vous n’avez pas le droit à l’erreur le soir quand vous démarrez la machine. En ce qui concerne l’équipe sur le plateau, il faut qu’on prenne nos petites habitudes, mais déjà l’ambiance entre nous est géniale. Je vais au boulot avec le sourire. Y compris le lundi, donc tout va bien.
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Votre phrase «Le Grand Journal n’est pas mort» a beaucoup été commentée. Cela vous a surpris ?
Je ne suis pas venu faire Le Grand Journal pour l’enterrer. On nous confie les clefs d’une très belle émission qui dispose de moyens, et où on a des supers invités. Quel que soit l’année, quel que soit l’époque – et c’est ce que m’ont dit Antoine de Caunes et Michel Denisot – vous vous asseyez dans ce fauteuil et vous avez l’impression d’être au volant d’une voiture puissante. C’est quand même vachement agréable.
Cet outil est formidable, et il faut en faire quelque chose. Cette boutade, c’était parce que tout le monde avait enterré cette émission. Je l’ai dit pendant une semaine. Je ne la répèterai plus. C’est dit, on a fixé nos objectifs. Ce serait quand même un peu con de ne pas vouloir en faire quelque chose.
C’était plutôt osé dans le contexte de la reprise…
Personnellement, même la personne qui me critique, ou qui critique l’émission, je sais que c’est quelqu’un qui bosse, qui se lève le matin, et qui ne fait pas un métier toujours facile. Et moi, ça me gonfle un peu la critique très rapide, systématique, sans savoir que derrière tout ça, il y a des contrats de travail, des gens qui se défoncent, qui font quand même des petits sacrifices. Alors, oui, on a de la chance de faire ce métier, tout ça, mais on bosse comme des malades. Donc on fera le bilan à la fin, pour l’instant on avance.
Le Grand Journal, du lundi au vendredi à partir de 19h05 sur Canal+.