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Simon Astier : "Francekbek ? Une série très générationnelle"

Simon Astier interprète Christophe dans la série Francekbek (OCS City).[© LOVE MY TV]

Drôle et décalée, la série Francekbek fait des étincelles sur l’antenne d’OCS City depuis le 5 mai. Fruit de l’imagination de deux jeunes auteurs - Jonathan Cohen et Jérémie Galan - cette sitcom voit Simon Astier interpréter le rôle d’un patron qu’il qualifie lui-même de «psycopathe».

 

Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet ?

Je connais Jonathan Cohen depuis longtemps. On s’est rencontré alors que je réalisais un film pour France 3 et – c’est rare quand cela arrive – il y eu un vrai coup de foudre professionnel. On s’est entendu à merveille dans la création et dans l’échange. Et nous sommes devenus amis.

Après j’ai rencontré Jérémie Galan, son comparse, avec lequel je suis devenu très ami également. On avait envie de faire beaucoup de choses ensemble. Eux travaillaient sur Francekbek. Un jour, ils m’ont demandé de jouer le patron. Et j’ai dit oui.

 

Pouvez-vous nous décrire la série en quelques mots ?

Je crois que c’est la série la plus difficile à "pitcher" au monde (rire). Francekbek raconte l’histoire d’une Québécoise vivant à Paris qui a complètement rompu avec ses origines. Elle était malheureuse au Québec et elle a choisi prendre un nouveau départ en France où elle vit dans le mensonge.

Elle cache sa véritable identité en pensant que c’est la meilleure solution. Mais à y regarder d’un peu plus près, elle travaille pour un psychopathe, et elle est en compétition avec un autre taré…

L’arrivée soudaine de sa meilleure amie venue du Québec va la forcer à prendre des décisions et à affirmer ses origines.

 

L’humour y est très décalé, déjanté…

Il y a dans Francekbek quelque chose de très générationnel, sans être clivant. Notre génération, celle qui est en train de passer la trentaine, commence à être prise de plus en plus au sérieux. Quelque part, cette série est le résultat d’heures de films de Judd Apatow, Ben Stiller, ou encore de Will Ferrell.

C’est le résultat de la manière dont on a perçu cette culture, et comment on la réadapte avec sincérité. Il s’agit pas de faire de la copie, ou du pastiche, c’est juste que nous avons grandi avec cette culture-là.

 

Est-ce que ce type d’humour est réservé au câble ?

J’ai tendance à croire qu’il ne faut pas voir les choses comme cela. Il ne faut pas oublier ce qu’est la télévision et, en France, ce n’est pas un modèle d’échec. Au contraire, c’est un modèle de succès.

On est dans un pays où les séries fédératrices sont des séries patrimoniales, sociétales, dans lesquels les héros sont des flics, des pères et des mères de famille, et ce modèle-là fonctionne. Notre culture, c’est ça. Je ne pense pas qu’il faille pester contre cela, il faut juste essayer de trouver des endroits où on peut raconter autre chose.

Ce n’est pas mieux, ni moins bien, c’est juste autre chose. Si on prend l’exemple de la TNT, je travaille avec France 4 sur une série de super-héros (Hero Corp, ndlr) - je travaille sur la saison 4 actuellement – et cette chaîne n’hésite pas à mettre la science-fiction à l’honneur, avec la série britannique Dr Who par exemple, qui est peut-être l’équivalent d’Une famille formidable chez nous.

Le "genre" en France est très apprécié, mais il ne marche pas forcément. Les diffuseurs classiques seraient inconscients de faire autrement, car ce n’est pas un modèle économique qui fonctionne. Il ne faut pas oublier que la télévision n’est pas un monde de "bisounours", c’est un marché très important.

 

OCS continue de démontrer un réel intérêt pour ce type de séries non conventionnelles (Lazy Company, In America). Y a-t-il un réel bénéfice pour cette nouvelle génération d’auteurs/créateurs de fiction ?

Je pense. Quand on dit que les séries françaises ne sont pas bonnes, je ne suis pas d’accord. Celles qui existent fonctionnent. Et il y a plein d’auteurs, comme Jonathan Cohen et Jérémie Galan, qui sont capables de réaliser d’excellentes séries.

Ce qu’il y a de bien avec OCS, c’est la liberté qu’ils offrent. Il n’y a pas de cahiers des charges à respecter, ils ne disent pas "notre public, c’est ça, donc il faut faire ça". C’est un espace de création et de liberté complètement dingue, c’est indéniable.

Après, il faut que ses séries fonctionnent pour qu’on puisse disposer de moyens financiers plus importants. Notre génération a tellement envie de faire des projets qu’on est tous – que ce soit moi avec Hero Corp, ou les auteurs de Francekbek – en train de se battre pour produire dans des conditions particulièrement tendues. On est au maximum de ce qu’on peut faire.

Maintenant, il faudrait qu’on ait un plus de budget pour passer à la vitesse supérieure. Mais ça, c’est dans un second temps. Le fait qu’il y ait des diffuseurs qui laissent la liberté à des auteurs de poser leur univers dans des séries, c’est déjà une avancée extraordinaire.

 

Étrangement, la TNT et la multiplication des chaînes n’a toutefois pas tant que ça offert d’opportunités en terme de création et production pour la fiction …

Pourtant, on s’y attendait tous, que ce soient les journalistes, les auteurs et les autres professionnels du milieu. On se disait que, maintenant qu’il existe des chaînes avec moins d’obligation d’audience, cela va ouvrir la création. C’est ce qu’a fait France 4, donc ce n’est pas un bilan complètement négatif.

Aujourd’hui, les chaînes de la TNT veulent exister et elles vont au plus efficace. Et c’est normal. Après, il y a beaucoup de téléréalité. Qui aurait pensé, quand la TNT est arrivée, que cela relancerait la téléréalité et qu’il y en aurait quatre par chaînes. Je pense qu’on ne pouvait pas le prévoir.

Si à l’avenir, il y a un peu moins de téléréalité et plus de fiction, tout le monde sera heureux.

 

Hero Corp, série que vous créez en 2008, rencontre son petit succès à l’antenne, le projet est toutefois abandonné. Et ce sont les fans qui vont sauver la série, notamment via internet. Et vous voilà désormais sur France 4. C’est à la fois étrange et étonnant comme phénomène…

Je crois qu’on a été parmi les premiers à faire de la série de ce genre sur le câble. En fait, il s’est passé quelque chose. La première saison (sur Comédie +, ndlr) a cartonné, la deuxième un peu moins bien, parce que nous étions en prime time, et que notre capacité concurrentielle n’était pas dingue.

Le phénomène s’est créé parce qu’il y avait internet et le piratage. Et c’est encore le cas maintenant que nous sommes sur France 4, et ce malgré le fait que la série soit en replay gratuit. Mais ils ont été attentifs à l’intérêt des fans pour la série. Il y a un public et elle a une vraie valeur ajoutée, et c’est pour cela qu’ils l’ont relancé.

Aujourd’hui, on est en train de se confronter aux nouvelles technologies, et on va devoir, au bout d’un moment, s’organiser. Et c’est ce que fait France 4. Le succès de la saison 3 d’Hero Corp inclus la diffusion TV, le replay, et l’impact sur les réseaux sociaux.

Il y a une nouvelle télévision qui arrive, et c’est pourquoi Francekbek peut avoir son succès aujourd’hui, car il y a plusieurs manières de la voir. Il y a forcément du piratage aussi. Cela fait partie de notre métier. Ce qu’on aimerait, nous, aujourd’hui, c’est trouver un moyen de rendre les choses disponibles au public sans qu’ils aient besoin de pirater.

On souhaite leur livrer un contenu de qualité, mais il ne faut pas combattre ça sans trouver de solutions. Il faut trouver quelque chose qui soit cohérent pour tout le monde.

 

D’autres projets à venir ?

La saison 4 d’Hero Corp me prend beaucoup de temps. Je suis dans Les visiteurs du futur, une série web. J’ai travaillé pour la télévision récemment, et là je prépare un film pour l’année prochaine. Mais là j’ai un peu tout stoppé, mais la BD d’Hero Copr, pour faire la saison 4 parce que c’est un sacré chantier.

 

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