Si les athlètes féminines sont désormais nommées comme leurs homologues masculins, elles ont longtemps fait les frais de poncifs sexistes surprenants dans la presse et dans leur milieu au cours de ces trente dernières années, résume une étude de la plate-forme Babbel.
Si les femmes sont autorisées à participer aux Jeux olympiques depuis 1928, ce n’est qu’à partir des années 1980 et 1990 que leur taux de participation a significativement augmenté, renforçant inévitablement leur visibilité dans les médias.
Et dans les lignes des journaux, les qualificatifs hasardeux ont fusé jusqu’à une époque pas si lointaine. Entre les années 1990 et 2000, «les skieuses étaient souvent décrites comme des "coureuses" ou des "misses"», a révélé dans son étude la plate-forme Babbel.
Ces poncifs sexistes avaient pour conséquence de minimiser les performances sportives des athlètes féminines, les reléguant automatiquement à un rôle secondaire, là où leurs homologues masculins étaient gratifiés par des termes comme «phénomènes médiatiques», «champions», ou encore «stars».
Ce n’est qu’à l’approche des années 2010 que sont arrivés des termes plus valorisants comme par exemple «sportives professionnelles», reconnaissant enfin les athlètes à leur juste valeur.
Une rigueur collective imposée par les années
Cette évolution est en réalité la somme de plusieurs événements clés, comme l’avènement des réseaux sociaux, ayant permis aux sportives de prendre la parole plus directement pour partager leur récit.
Aussi, de grandes compétitions comme les JO de Londres en 2012 et de Rio en 2016, ont mis en lumière les performances de nombreuses sportives de haut niveau, obligeant les médias à «adopter un langage plus valorisant et respectueux pour reconnaître leurs exploits», a expliqué Madeleine Jessell, porte-parole de Babbel.
Enfin, le mouvement MeToo a apporté une prise de conscience et une obligation de rigueur collective sur la place des femmes dans la société. Le sport n’y a pas échappé.
À titre d'exemple, le commentateur sportif britannique Bob Ballard a été exclu des Jeux olympiques par Eurosport, après avoir prononcé un commentaire sexiste visant les nageuses australiennes le 28 juillet : «Les femmes sont en train de finir. Vous savez comment sont les femmes... elles traînent, elles se maquillent», avait-il lancé.
Intersexuation et transidentité au cœur du débat
Dans les années 2020, l’évolution du langage médiatique est allée plus loin, reflétant inévitablement les questions d’inclusion et d’égalité. Est alors réfléchie la place des minorités de genres, comme les sportifs transgenres et intersexes, ou encore les athlètes porteurs d'une particularité hormonale comme l'hyperandrogynie, qui peuvent voir leurs performances discréditées.
Le cas Imane Khelif en est une triste illustration en ces Jeux olympiques d'été. Atteinte d'hyperandrogynie depuis sa naissance, la boxeuse algérienne essuie de nombreux propos insultants depuis sa victoire contre l'Italienne Angela Carini, survenue après que cette dernière ait demandé un temps mort au deuxième coup.
L'hyperandrogynie se caractérise par un taux de testostérone plus élevé, ayant plusieurs impacts comme une pilosité plus développée, une irrégularité voire une absence de cycle menstruel ou encore une force physique plus importante.
En plus de voir sa force physique remise en question, Imane Khelif subit également de nombreuses attaques d'internautes, de personnalités publiques, et même de sportives, contestant son genre.
Le comité olympique algérien a d'ailleurs déposé une plainte contre sa concurrente Luca Anna Hamori, pour des propos tenus avant leur combat du samedi 3 août, qu'elle a perdu. Sur les réseaux sociaux, la boxeuse hongroise avait qualifié Imane Khelif «d’homme».
Vers un sport équitable et inclusif ?
Bien avant elle, la Nigérianne Caster Semenya, athlète féminine intersexe, avait également vu son hyperandrogynie débattue dans les années 2010.
Pour rappel, l'intersexuation est un phénomène naturel, les personnes intersexes naissent avec des caractéristiques sexuelles correspondant à la fois aux caractéristiques biologiques féminines et masculines. Elle toucherait 1,7% de la population mondiale.
«Les athlètes transgenres, intersexes et non-binaires semblent aujourd’hui être confrontés au même combat que les femmes dans les années 2010», a estimé Madeleine Jessell, porte-parole de Babbel, indiquant la nécessité de «créer des environnements sportifs inclusifs et équitables pour tous les individus, quelle que soit leur identité de genre».