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Tennis de table : Alexis et Félix Lebrun, la fratrie française qui rêve de conquérir le monde

Alexis et Félix Lebrun font partie des meilleurs pongistes au niveau mondial. [Stéphane Ramillon]

Respectivement âgés de 20 et 17 ans, Alexis et Félix Lebrun portent les espoirs du tennis de table français, qui attend des successeurs à Jean-Philippe Gatien et Patrick Chila, médaillés de bronze en double à Sydney en 2000. Portrait(s) d’un duo lié par le sang et par une même passion.

Deux phénomènes du tennis de table mondial, deux espoirs de médailles olympiques à Paris, mais deux frères avant tout. Auteurs de performances étincelantes sur le circuit mondial du tennis de table, les Français Alexis et Félix Lebrun ont mis les projecteurs sur une discipline dans laquelle la Chine domine les débats d’une main de fer depuis des décennies.

À quelques semaines des Jeux olympiques de Paris et au lendemain de leur finale des Championnats de France, qui a vu Alexis s'imposer face à Félix, les deux pongistes âgés de 20 et 17 ans ont accepté de revenir pour CNEWS sur leur parcours.

Le tennis de table dans l'ADN

Comme de nombreux talents du sport français à l’image de Léon Marchand ou de Victor Wembanyama, le sport a toujours été une histoire de famille pour les frères Lebrun : leur père Stéphane a été 7ᵉ meilleur joueur français et champion de France de tennis de table en double en 1997, tandis que leur oncle Christophe Legoût a été sacré champion national à trois reprises, obtenant même une cinquième place lors des Jeux de Sydney en 2000.

Avec un tel cercle familial, le tennis de table semble être ancré dans les gènes d’Alexis, né en 2003, et de Félix, né trois ans plus tard en 2006. Pourtant, l’aîné de la fratrie s’est d’abord tourné vers le basketball, puis le tennis avant de se consacrer au tennis de table. Contrairement à son grand frère, Félix s’est immédiatement concentré sur le tennis de table, adoptant rapidement la prise «porte-plume», très prisée chez les joueurs asiatiques.

«Quand j’étais petit, je suivais mon père à la salle quand il entraînait (à Montpellier, ndlr). Il y avait un Chinois, Chen Jian, qui avait cette prise porte-plume et j’ai voulu l’imiter. Les entraîneurs se sont adaptés à ma prise et j’ai progressé petit à petit», nous confie celui qui est désormais 5ᵉ au rang mondial.

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© Rémy Gros

Un entourage solide depuis leur plus jeune âge

Au fil des années, la fratrie a fait son trou dans l’univers français des pongistes avec une particularité : ni Alexis, ni Félix ne sont passés par des structures fédérales comme l’INSEP ou encore le pôle France. Une décision pleinement assumée par le clan Lebrun.

«Nathanaël Molin a été notre entraîneur quand on était petits. Il est arrivé au club de Montpellier alors que nous n’étions pas encore nés. Notre père connaissait ses qualités et ils nous ont parlé de monter cette équipe, avec des personnes qui nous connaissent très bien», nous ont expliqué les frères Lebrun, qui sont entourés de leur entraîneur, mais également de Jérémy Surault et de Julie Bernardin, respectivement préparateur physique et kinésithérapeute de la «Team Lebrun ».

«Ils sont à 300% et nous accompagnent chacun dans leur domaine. Ils nous permettent de nous concentrer sur notre sport avant tout», ajoutent-ils.

Une équipe présente lors des succès du jeune duo, mais aussi lors de périodes plus compliquées, notamment pour Alexis Lebrun. Au cours de sa croissance, celui qui se distingue de son petit frère par des épaules plus larges a été touché par des blessures et maladies, dont celles de Sever et d’Osgood-Schlatter, affectant son développement.

«Ce n’était pas une période facile», nous avoue le 22ᵉ joueur mondial, évoquant un travail en douceur sur ses membres épargnés par les blessures.

«J’ai continué à aller dans la salle de ping pour garder ce lien avec les copains, la balle et m’amuser pour garder le moral. J’étais très motivé et j’ai finalement beaucoup progressé grâce à ces épreuves, même si je suis passé à côté de beaucoup de compétitions importantes», ajoute-t-il.

Malgré ces maux, Alexis Lebrun a poursuivi sa progression à l’échelle nationale, mais également internationale, tout comme Félix, en performant tout au long de leur adolescence. «Je ne sais pas si j’ai senti un jour qu’ils allaient être aussi forts», avoue Dominique Lebrun, leur mère et chargée de la communication de la «Team Lebrun».

«Mon mari voyait bien ce qu’il se passait, mais il me disait aussi à quel point la sélection était difficile et que seulement une infime partie des petits pongistes en herbe sortiraient du lot. Là, ils sont 2, c'est quand même assez exceptionnel», dit-elle de ses enfants, tous deux vainqueurs des Eurominichamps, les championnats d’Europe des moins de 12 ans.

De son côté, Nathanaël Molin, leur entraîneur depuis toujours, estime qu’«il n’y a pas de secret» quand à leur réussite : «Ils s’entraînent dur !».

Deux progressions fulgurantes en quelques mois

C’est en 2022 que tout s’est ensuite accéléré pour le tandem français : respectivement champion de France et demi-finaliste, Alexis et Félix Lebrun réalisent d’excellentes performances, leur permettant notamment de décrocher une médaille de bronze aux championnats d’Europe en double.

Après une première année intense chez les seniors, 2023 est l’année de la confirmation pour les Lebrun. De nouveau sacré champion de France, face à son petit frère, Alexis obtient un succès de prestige face au Chinois Fan Zhendong, numéro un mondial et vice-champion olympique.

De son côté, Félix décroche un premier titre en simple lors des Jeux européens, avant de récolter la médaille de bronze lors de cette même compétition, puis au cours des championnats d’Europe par équipes en fin d’année. C’est à cette même période qu’il intègre pour la première fois de sa carrière le top 10 mondial, faisant de lui à 17 ans l’un des joueurs les plus précoces à y parvenir.

«Je ne me pose pas trop de questions (…) Je ne pense pas trop aux attentes des gens. Je pense surtout à donner mon maximum. Les victoires viendront avec», nous indique-t-il à propos des attentes placées en lui après de telles performances.

Pour Félix, les succès sont arrivés rapidement en 2024, avec un sacre lors du WTT Star Contender de Goa (Inde) en janvier. En revanche, une victoire particulière lui échappe encore : celle face à Alexis, contre qui il s’est incliné lors du Top 16 européen en février.

Un grand frère qui domine encore son benjamin, comme cela a encore été le cas en finale des Championnats de France et au lendemain du sacre en double, et qui en semble satisfait.

«Jouer son frère, ce n’est pas commun. À force de se jouer, on arrive petit à petit à effacer ce statut de grand frère, mais on se connait par cœur. Notre concentration est très variable sur nos matchs. Je sais qu’un jour, ça risque de tourner, mais pour l’instant, je continue à gagner et ça me va bien !», nous confiait Alexis Lebrun, vainqueur de son petit frère en finale ce dimanche 24 mars et désormais trois fois champion de France, devant son public de Montpellier.

Un vent de fraîcheur pour le tennis de table

«Le grand public nous attend et compte sur nous», ajoutait-il. Ce même public répond présent dans les salles du monde entier, mais également sur Internet : lors de la finale des championnats du monde par équipes, perdue face à la Chine en février dernier, les rencontres disputées par les Bleus ont été suivies par plus de 500.000 personnes sur Twitch.

«Le nombre de personnes connectées pour regarder la finale des championnats du monde a été incroyable, c’est super pour notre sport !», se réjouissent les frères Lebrun, désormais acteurs de la transformation d’un sport souvent perçu comme une activité de camping ou d’un sport scolaire.

«Les images télévisées n’étaient pas les mêmes avant. Maintenant, avec les réseaux sociaux, on repasse les belles balles, ça ne dure pas longtemps. Le format est très adapté au grand public. Les gens voient de longs échanges et se rendent compte de la difficulté de notre sport. On s’entraîne beaucoup et les gens commencent à le percevoir», explique le tandem, qui rêve de rejoindre les fratries Manaudou, Guyart, Karabatic ou encore les Gille parmi les fratries médaillées lors des Jeux olympiques.

Au vu des dernières performances des frères Lebrun, qui ont pu «approcher les Chinois» en terme de jeu, envisager une médaille au tennis de table est désormais dans le champ des possibles pour le camp tricolore. «Sinon autant rester chez nous», comme l’indique Nathanaël Molin.

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