L’hymne de l’équipe écossaise de rugby, Flower of Scotland, a résonné dans le Stade de France ce samedi 7 octobre, lors de la rencontre Irlande-Écosse pour le plus grand plaisir des supporters de rugby. Considéré comme l'un des plus beaux du monde, cet hymne a une histoire un peu particulière.
Ce samedi 7 octobre, l’Irlande a largement dominé l’Écosse (36-14) au Stade de France lors du dernier match des phases de poule du groupe B de la Coupe du monde de rugby 2023. Alors que la plupart des fans de l’Écosse, dépités par l’élimination prématurés de cette nation forte du rugby, ont pris la direction des transports en commun, d’autres ont refait le match. Pour certains, c’était la première fois qu’ils entendaient le mythique Flower of Scotland depuis le stade.
Le Flower of Scotland ne déçoit jamais#RWC2023 | #SCOvROU pic.twitter.com/2J6z9AIMv8
— Rugby World Cup FR (@RugbyWorldCupFR) September 30, 2023
Flower of Scotland (Fleur d’Écosse) fait frissonner les supporters à chaque compétition internationale où l’Écosse concourt. «Je rêve d’aller à Murrayfield pour l’entendre avec la cornemuse», a déclaré Jordan, fan de rugby, à CNEWS. «C’est dommage parce que c’était l’interprétation avec les enfants. Mais ça me file les frissons de me dire qu’un jour, j'irai à Murrayfield», a rapporté son ami qui assistait, lui aussi, à la rencontre.
17 mars 1990, une date historique
Mais pourquoi cet hymne fait-il autant rêver les fans de sport ? Jusqu’en 1990, c’était God Save the Queen qui était joué avant chaque match de l’Écosse. Mais le 17 mars 1990, les Écossais, en passe de gagner le tournoi des Cinq Nations de rugby, ont décidé de reprendre Flower of Scotland, une chanson du groupe The Corries, lors de l’ultime match de la compétition face à l’Angleterre. Une décision qui a marqué l’histoire de cette équipe, alors que ce nouvel hymne faisait son entrée dans la postérité.
Le match s'est déroulé dans un contexte très tendu entre les deux nations, tant d’un point de vue sportif que politique. L'instauration d'un nouvel impôt forfaitaire, la poll tax, instauré au Royaume-Uni en 1990, et mis à l'essai un an plus tôt sur le territoire écossais, a développé un sentiment contestataire envers le pouvoir parmi les écossais.
Du côté du sportif, les rencontres entre les deux pays ne se terminaient jamais de façon cordiale. «À chaque fois qu’on affrontait l’Angleterre, c’était tendu», se souvient James, retraité, qui a profité de son temps libre pour se rendre en France et assister à la Coupe du monde de rugby 2023.
Laisser les Anglais prendre confiance
Lors des jours qui ont précédé la rencontre, les Écossais ont décidé de ne plus parler à la presse et ont laissé les joueurs du XV de la Rose se vanter d’être les favoris.
Le jour J, les Anglais, persuadés d’arriver en terrain conquis à Murrayfield, en Écosse, ont foulé la pelouse en premier en tant que visiteurs, en courant comme le font habituellement tous les joueurs. «Sans vous mentir, je pense que je n’ai jamais eu autant de frissons de ma vie en écoutant la radio», se souvient Lewis, conscient d’avoir assisté à l’époque à un moment historique.
Seuls sur le terrain face à des Écossais remontés et un public hostile, les Anglais ont été copieusement hués. Les Écossais s’étaient mis d’accord pour se présenter depuis le couloir de sortie en ligne ordonnée et en marchant, le visage très marqué, afin de galvaniser leur public. Un premier coup de massue pour les Anglais qui ont été pris de court.
Quelques instants plus tard, lors des hymnes, ce n’est pas God Save the Queen qui a retenti, mais bien Flower of Scotland. Un choix qui ne doit rien au hsard : la chanson date des années 60 et célèbre la victoire de l'Écosse contre l'Angleterre à la bataille de Bannockburn en 1314, appelant à la libération de l'Écosse de l'occupation anglaise.
Le morceau célèbre les héros «qui se sont dressés contre l’armée du fier Edouard II et l’ont renvoyé chez lui pour qu’il y réfléchisse à deux fois». Ainsi, les joueurs écossais ont été gonflés à bloc et ont dominé leurs adversaires anglais 13-7 pour le dernier Grand Chelem de leur histoire.
Les supporters du PSG ont d’ailleurs repris la chanson à la fin des années 90 en y accolant leurs propres paroles, pour le célèbre «Ô Ville Lumière».