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«Le décathlon est une course à la qualité car la répétition des épreuves coûte cher»: les confidences de Kévin Mayer, un an avant les JO de Paris 2024

Un an avant les Jeux olympiques de Paris 2024 où il sera l'un des favoris au décathlon, le Français Kévin Mayer a pris le temps de se confier à CNews.fr

Vice-champion olympique du décathlon à Rio, en 2016, et à Tokyo, en 2021, Kévin Mayer est destiné à l'or olympique lors des prochains JO qui se dérouleront à Paris en 2024, mais pour lui, ce n'est pas un objectif en soi. Le sportif de 31 ans, spécialiste du décathlon, a pris le temps de faire le point sur sa situation actuelle et ses ambitions. 

Est-ce que vous avez réussi à mettre les Mondiaux de Budapest derrière vous ?

C’est clairement à cause de Paris 2024 que j’ai mis un terme prématuré à mes derniers Mondiaux. C’est la première fois que j’arrêtais avec aussi peu de pépins physiques. Je savais que ça allait empirer pendant le décathlon. C’est avec beaucoup de frustration que j’ai arrêté, mais maintenant, j'ai une énorme envie de revenir sur la piste.

Est-ce que c’est important de faire attention à vous, en prenant le temps d’écouter vos ressentis ?

Je pense qu’en ce moment, on casse beaucoup de stéréotypes. Moi, personnellement, j’ai beaucoup de recul là-dessus et je ne juge personne. Chacun a des outils pour se mettre en avant et il faut respecter la manière dont les gens se mettent en avant avec leurs propres outils. Pour ma part, je ne suis pas quelqu’un qui veut prôner uniquement ma plastique, je veux aussi prôner ma sensibilité.

Est-ce que c’est important qu’un champion comme toi tienne ce genre de discours ?

Je me mets à la place des jeunes et moi aussi, j’ai pris beaucoup d’exemples. L’apprentissage se fait par les gens qui nous inspirent et je pense qu’il est très important de donner le choix aux jeunes de trouver leur voix. Et il faut aussi leur dire de ne pas le faire en fonction du regard des autres. Il est important de s’exprimer et de le faire en fonction de nos ressentis.

Est-ce que tu as une routine avant les compétitions ?

Je n’ai pas de routine du point de vue de la préparation physique, mais j’ai clairement une routine avant chaque championnat. Je me rase 3 jours avant parce que j’aime beaucoup ma barbe des 3 jours. J’aime bien être dans le championnat à ce moment-là. Les championnats, ce sont aussi les moments où je suis le plus affûté et le moyen de se sentir encore plus affûté, c’est en me rasant les jambes, le torse et mes aisselles pour que toutes mes veines ressortent. J’ai l’impression d’être acéré pour la compétition.

Comment t’entraînes-tu pour ton décathlon ?

C’est impossible d’être prêt pour un décathlon parce que si on se préparait comme il faut pour le jour J, on se blesserait forcément. Il faut trouver le juste milieu entre le trop peu d’entraînement et la blessure et c’est là toute la difficulté de cette discipline. Si on devait s’entraîner comme les spécialistes des 10 disciplines, il y aurait 10 fois plus d’entraînement et c’est impossible. C’est une course à la qualité parce que la répétition des épreuves coûte cher.

Est-ce que tu as besoin d’être dans ta bulle mentalement ?

J’ai besoin de plein de choses et l’adaptation est maître à ce moment-là. En général, quand je suis avec mes proches, je n’ai qu’une envie, c’est d’être seul et inversement, quand je suis seul, j’ai envie d’être avec mes proches. Ça peut varier et justement, il faut que je m’adapte.

Comment arrives-tu à rester concentré durant les dix épreuves du décathlon ?

Toute l’année, on se dit qu’on a 10 épreuves à faire le jour de la compétition et quand le jour est arrivé, il y a un premier poids en moins. Quand la première épreuve est passée, le stress redescend, et c’est la même chose au fil des épreuves. Lorsqu’on a passé une journée de compétition, ce n’est plus du tout la même pression puisqu’on se dit qu’on a plus que 5 épreuves à disputer. C’est un sacré confort de terminer la première journée dans cet esprit-là parce qu’on oublie souvent à quel point on a mal lorsqu’on se réveille après le premier jour. On a l’impression que le décathlon est un sport où tes adversaires sont aussi tes amis.

Comment le perçois-tu lors des compétitions, est-ce que ça t’aide à te dépasser ?

J’utilise mes adversaires pour m’aider à être le meilleur possible. J’ai rarement eu d’animosité envers eux et c’est même de la sympathie que j’ai pour eux parce qu’ils m’aident à me dépasser dans la difficulté. Et c’est d’ailleurs dans la difficulté que l’on crée des liens.

Est-ce que le public français sera important pour toi lors des épreuves de Paris 2024 ?

À Talence, lorsque je bats le record du monde du décathlon, c’est la première fois de ma vie que je fais un gros décathlon en France. Le public français m’avait transcendé. C’est pour ça que lorsque l’on me parle de stress et de médaille d’or pour Paris 2024, je repense à Talence et au plaisir que j’ai eu de m’exprimer devant le public français. Je me laisse bercer par l’idée que ça va être encore plus incroyable à Paris.

En tant que double vice-champion olympique, est-ce qu’il n’y a que l’or qui t’intéresse ?

Encore une fois, pour moi, les médailles, je range ça sur un plan secondaire. Je vois mes décathlons comme des moments d’expression pure où je me suis préparé toute l’année pour avoir les meilleures sensations possibles dans chacune des épreuves. Et souvent, c’est en pensant comme cela qu’une médaille peut arriver. Je pense à l’athlétisme d’abord et la médaille viendra après.

Comment est née cette collaboration avec Gillette ?

Gillette m’a contacté en 2021 dans le but d’avoir un partenariat avec un athlète qui était un potentiel médaillable aux Jeux olympiques de Paris, puisqu’ils sont partenaires olympiques de Paris 2024. Personnellement, c’est une idée qui m’a plus assez rapidement parce que quand j’étais petit, je regardais du foot et du tennis et j’ai vu Andre Agassi se raser le crâne dans des pubs Gillette.

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