Ancienne 75e mondiale, la joueuse tunisienne Selima Sfar a dénoncé, dans une interview accordée à L’Equipe, les violences sexuelles qu’elle aurait subies lorsqu’elle était entraînée par Régis de Camaret.
Elle a brisé le silence. L’ancienne joueuse de tennis Selima Sfar (46 ans) a dénoncé le traumatisme et les violences sexuelles qu’elle a subis entre 12 et 17 ans. Des méfaits qui auraient été commis par son ancien entraîneur Régis de Camaret. «Quand j’avais 12 ans et demi, j’ai été abusée par Régis de Camaret. (…) J’ai mis longtemps à me libérer. C’est un gros traumatisme», a-t-elle confié dans une interview à L’Equipe.
«C’est passé de l’attouchement au viol, très vite»
Désireuse de «poursuivre son rêve» et devenir joueuse professionnelle, elle avait décidé de quitter la Tunisie et de rejoindre l’académie à Biarritz, où elle était en famille d’accueil. Un jour, alors qu’elle avait fait le trajet Tunis-Bordeaux en avion, Régis de Camaret est allé la chercher à l’aéroport et aurait abusé d’elle pour la première fois. «Mon vol de Tunis à Bordeaux arrivait tard, vers minuit. Régis a proposé de venir me chercher car c’était tard. (…) Au milieu du trajet, il était une heure du matin, il s'est arrêté sur le bas-côté et il a commencé à me toucher, à faire des choses. À cet instant-là, je ne savais même pas ce qui se passait, je ne comprenais pas du tout», a-t-elle déclaré.
Il aurait recommencé lorsqu'ils sont arrivés à son domicile. «On a continué la route et on est arrivé chez lui, tard. À l’étage, il y avait sa fille et sa chambre, je dormais sur le canapé-lit en bas. Je me suis couchée et une heure ou deux heures après, je me suis réveillée pendant qu’il me touchait», a-t-elle ajouté. Puis les attouchements auraient été suivis de viols. «C’est passé de l’attouchement au viol, très vite. À chaque fois, c’était la même chose, j’étais paralysée. Ça a duré pratiquement trois ans», a affirmé Selima Sfar.
Régis de Camaret comdamné en 2014
A l’âge de «16-17 ans», elle a finalement décidé de se «rebeller». «Je ne pouvais plus supporter. J’avais une rage horrible, une tristesse. Je ne voulais plus m’entraîner avec lui, je n’y arrivais plus», a-t-elle lâché. Et elle est finalement parti s’entraîner à Bordeaux, puis à Londres (Angleterre), où elle s’est entraînée toute seule. «C’était une décision radicale. Je m’entraînais six heures par jour toute seule, le soir je faisais mon débriefing de la journée toute seule et préparais la journée du lendemain. J’étais disciplinée et je suis entrée dans le top 100», a raconté Selima Sfar qui a atteint le 75e rang mondial au meilleur de sa carrière.
Elle n’est pas la seule joueuse à avoir subi les abus sexuels de Régis de Camaret. Isabelle Demongeot avait, elle aussi, accusé ce dernier de viol dans son livre «Service volé», rassemblant plus d’une vingtaine de témoignages de victimes. Cet ouvrage avait conduit à la condamnation de l'entraîneur à dix ans de prison en 2014 avant qu’il ne soit libéré le 1er août 2019.