Alors qu'a lieu dimanche 28 janvier le Prix d'Amérique 2024, CNEWS s'est intéressé au parcours suivi par Anthony Barrier, Matthieu Abrivard et Jean-Philippe Monclin, trois noms bien connus des turfistes, pour devenir driver (trot attelé) ou jockey (trot monté) professionnel et briller sur la piste de l'hippodrome de Vincennes.
FAUT-IL ÊTRE NECESSAIREMENT ISSU DU MILIEU POUR REUSSIR ?
A.BARRIER : «Mes parents tenaient un café et je n’ai pas forcément grandi entouré de chevaux. Je m’y suis intéressé à l'âge de 13 ans. C’est forcément un désavantage par rapport à ceux dont la famille baigne dans le trot depuis une ou plusieurs générations.»
M.ABRIVARD : «Mon grand-père était marchand de chevaux et avait des trotteurs. Il a instillé en quelque sorte le virus à mon père et ses frères. Mon oncle Laurent est aujourd'hui un entraîneur de renom, ses fils Alexandre et Léo des jockeys professionnels. C'est un métier de passion. Quand on berce dedans depuis tout jeune, on a du mal à s'imaginer faire autre chose. Je dirais qu'être issu du milieu est un plus pour percer en début de carrière. Mais il n'y a rien de génétique dans la finesse et la main du driver... cela s'apprend.»
JP MONCLIN : «Pour ma part, je suis né dedans. Mon grand-père était entraîneur et mon père, Jean-Marie, était un grand jockey/driver dans les années 80-90. Après une chute survenue à Vincennes en 1991, il a été contraint d'arrêter sa carrière et de se concentrer à l'entraînement. De là à dire qu'il faut être issu du sérail pour réussir, je ne le pense pas. Il faut surtout faire de bonnes rencontres comme dans tout métier.»
LES ETUDES, PASSAGE OBLIGATOIRE
A.BARRIER : « J’ai fait ma 3e, mon CAP et mon BEP agricole option cheval équin à Pouancé dans le Maine et Loir dans une école spécialisée. J’ai passé trois ans en alternance : 15 jours à l’école avec notamment des cours d’hippologie, 15 jours à l’écurie. J’ai eu la chance d’intégrer chez Dominique Mottin, une structure assez réduite qui m’a permis d’avoir ma chance rapidement.»
M.ABRIVARD : «J'ai étudié quatre ans à la célèbre école des courses hippiques de Graignes dans la Manche.»
JP MONCLIN : «J'ai seulement étudié une année en BEP agricole à Laval, car la perspective de prolonger mes études ne m'enchantait pas.»
ÊTRE APPRENTI
A.BARRIER : «J’ai fait mes premières courses à 16 ans et terminé mon apprentissage au sein de l’écurie de Sébastien Poilane. A mes 18 ans, je suis arrivé chez Jean-Baptiste Bossuet pour qui j’ai travaillé quatre années. J’ai notamment côtoyé Franck Nivard. Direction ensuite la structure de Franck Leblanc, puis celle de Jean-Paul Marmion pendant 4 ans. Tous ces grands noms du trot m’ont permis de faire mes classes sur des chevaux de très bon niveau.»
M.ABRIVARD : «Mon maître d'apprentissage s'appelait Joël Hallais (8 fois vainqueur du Prix du Cornulier en tant qu'entraîneur, record jamais égalé). A 16 ans, je disputais mes premières courses de chevaux.»
JP MONCLIN : «J'ai fait des petites stages chez Jean-Michel Bazire, Jean-Paul Marmion et Philippe Allaire. J'ai couru ma première course en tant qu'apprenti pour M. Marmion. Puis, je suis reparti chez mon père où j'ai commencé à driver plusieurs de ses chevaux.»
LE CAP DES 50 VICTOIRES POUR PASSER PRO
A.BARRIER : « C’était le 13 novembre 2006 avec un cheval qui s’appelle New Fun à Vincennes. Je m’en rappelle bien, c’est un bon souvenir.»
M.ABRIVARD : «Pour ma part, le passage vers le monde pro était à l'époque encore fixé à 35 victoires. C'était à Vincennes sous la casaque familiale avec une jument appelée Julia Percy.»
JP MONCLIN : «Je m'en souviens. C'était à Vincennes avec Putting, un cheval de mon père, le 22 janvier 2008».
LA VIE DE JOCKEY PROFESSIONNEL
A.BARRIER : «Je dis souvent que le plus dur commence une fois passé pro car les entraîneurs ont tendance à faire confiance aux professionnels confirmés. D’où la nécessité d’intégrer des «grosses maisons» quand on est apprenti pour se faire connaître dès très jeune. Aujourd’hui, je suis freelance : je n’ai pas d’entraîneurs attitrés et je collabore notamment avec Philippe Allaire, Thierry Duvaldestin ou encore Jean-Paul Marmion.»
M.ABRIVARD : «J'ai tout de suite pu compter sur les chevaux entraînés par mon père. Puis, nous nous sommes associés. Mon passage chez les professionnels s'est fait plutôt de belle manière. Je me suis retrouvé aux commandes d'un grand champion Jag de Bellouet avec qui j'ai remporté trois fois le prix du Cornulier (l'équivalent du Prix d'Amérique au trot monté).»
JP MONCLIN : «Lorsque je suis passé professionnel, j'ai décidé d'arrêter le trot monté car j'étais trop grand et trop lourd pour cette spécialité. Cela m'a donc limité dans mes engagements. Pour le reste, je le redis : il faut faire de belles rencontres. J'ai pu travailler avec de bons entraîneurs de province comme Aurélien David, Philippe Boutin qui ont lancé ma carrière professionnel. Puis, je suis tombé sur Philippe Allaire qui fait partie de la crème du milieu.»