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Logement insalubre, menaces, salaire non payé… Le calvaire d'un footballeur français de D3 grecque

Antoine Lemarié avec le maillot du FC Vaajakoski, en Finlande, avant son arrivée en Grèce. [©AntoineLemarié / Instagram ]

Antoine Lemarié, footballeur passé par l'Angleterre, l'Australie et la Finlande, dit avoir vécu une douloureuse expérience dans un club de D3 grecque. Menaces, refus de paiement et logement insalubre… Le milieu de terrain de 26 ans a témoigné pour CNEWS.

Une histoire ahurissante. Alors qu'il avait posé ses valises dans la ville de Pyrgos, le 11 janvier dernier, pour rejoindre le club du Paniliakos FC, qui évolue en troisième division grecque, le milieu de terrain français Antoine Lemarié a très vite déchanté. 

Tout a commencé il y a plusieurs semaines, lorsqu'un intermédiaire a contacté le jeune joueur pour lui parler d'une opportunité. Antoine avait alors terminé sa saison avec le club finlandais du FC Vaajakoski. «Il m'a écrit via WhatsApp. Des personnes lui avaient parlé de mon profil. Il m'a tout de suite pressé pour que je lui réponde, insistant sur le fait que si je ne me manifestais pas rapidement, "le club s'intéresserait à quelqu'un d'autre". Je n'ai pas du tout aimé cette méthode, et le fait qu'il me mette la pression», a confié le natif de Thiais (Val-de-Marne). 

Devant une offre «plutôt intéressante», Antoine Lemarié a tout de même décidé de rejoindre le club grec du Paniliakos FC. 

Des cafards morts dans l'appartement 

Jusqu'à son arrivée en Grèce, Antoine n'avait toujours pas eu de contacts directs avec ses nouveaux dirigeants, mais s'était entendu avec l'intermédiaire sur deux points : la mise à disposition d'un logement par le club ainsi qu'une prime à la signature de 2.000 euros. 

Au moment d'intégrer ce logement, et après un long vol, le joueur n'a pas vu immédiatement le manque d’hygiène flagrant des lieux. «Je n'avais aucune idée de ce à quoi cela allait ressembler, j'avais peur de me retrouver avec d'autres joueurs et de ne pas avoir d'intimité». 

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©AntoineLemarié

C'est à ce moment qu'Antoine filme les lieux, paraissant très vétustes, sans pour autant émettre trop de critiques. 

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​©AntoineLemarié

En ouvrant les placards, le joueur a alors fait d'autres découvertes inquiétantes. «Il y avait des cafards morts dans les tiroirs, des marques à côté du lit, des traces d'urines dans la salle de bain. C'était dégueulasse, il y avait des poils rasés dans le lavabo. Et bien sûr, pas d'eau chaude donc je ne pouvais pas me doucher dans l'appartement», a-t-il raconté.  

Le club, un mauvais payeur

Dès ses premiers jours sur place, Antoine a compris que le club n'allait pas honorer ses engagements. «J'ai rencontré mes coéquipiers et ils m'ont décrit beaucoup de négatif sur le Paniliakos FC, notamment un Brésilien qui m'a expliqué n'avoir été payé que 600 euros depuis quatre mois, alors qu'il devait en toucher 4.000». 

Habitué du monde semi-professionnel ou professionnel, dans différents pays, Antoine a reçu une offre de contrat, prévoyant un salaire de 1.000 euros par mois, les repas compris, ainsi qu'une prime de deux mois de salaire, dont il n'a finalement jamais vu la couleur. 

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​©AntoineLemarié

Et là-encore, Antoine Lemarié n'était pas au bout de ses surprises, puisque le statut du club, amateur, lui permet de faire jouer ses joueurs sans signatures de contrats. 

Agressé par le président du club et son garde du corps 

Au bout de quelques jours à s'entraîner sur un «champ de patates», et après que plusieurs des ses coéquipiers ont deserté l'équipe puisqu'ils ne perçevaient pas de salaire, le milieu de terrain français a décide de quitter le club et il a dû, après plusieurs demandes appuyées de la direction du Paniliakos FC, rendre les clés de son appartement. 

Une demande que le jeune homme de 26 ans était prêt à honorer, en échange d'un écrit attestant qu'il était désormais libre. Le club a alors refusé catégoriquement, et son président, accompagné du directeur sportif chargé de faire la traduction, s'est rendu au domicile d'Antoine. 

«Je suis sorti de l'appartement et j'ai rejoint le président dans la rue. D'emblée, il a haussé le ton et demandé que je lui rende les clés. Il m'a dit que je pouvais partir et que j'étais libre», a expliqué le francilien qui réclamait toujours une preuve de la rupture des engagements du club. «A ce moment, le président a pété un câble, m'a sauté dessus et m'a plaqué contre une barrière», a expliqué Antoine, précisant que «son garde du corps, surgi de nulle part», afin de lui mettre un peu plus la pression.

Face à la violence de la scène, le joueur a décidé de quitter immédiatement le sol grec et de témoigner de sa terrible aventure via ses réseaux sociaux, provoquant l'indignation et une vague de soutiens de la part d'internautes. 

Le Paniliakos FC dément 

De son côté, le Paniliakos FC a réfuté toutes ces allégations dans un communiqué et a annoncé avoir porté plainte pour diffamation, et faux.

Dans le détail, il reproche au joueur d'avoir «changé ses demandes et ce qui avait été convenu et a demandé à être payé à l'avance, le montant total de l'accord, pour toute la durée de son séjour dans notre équipe», soit cinq mois au total. Le club explique avoir rappelé au joueur que l'accord portait «sur le versement du premier mois d'indemnité à titre d'avance», ce que le joueur «a refusé».

Le Paniliakos FC a également dénoncé des «commentaires inacceptables et faux sur la maison dans laquelle Antoine Lemarié a vécu pendant les cinq jours où il est resté avec notre groupe», peut-on lire dans le communiqué qui précise que «la maison avait été récemment construite, entièrement meublée et comprenait de nouveaux appareils électriques».

Une version qui n'est pas du goût du Français et de ses avocats. «M. Antoine Lemarié conteste vigoureusement le communiqué au caractère manifestement mensonger publié peu après ses révélations par le club du Paniliakos FC et se réserve également le droit d’agir à l’encontre de toute personne portant atteinte à son honneur ou à sa considération», peut-on lire dans un communiqué de ses représentants, qui ont annoncé que l'affaire sera portée «devant la justice, tant pénale que fédérale». 

«Les faits dont a été victime M. Antoine Lemarié sont graves et les différentes institutions devront prendre toute la mesure de ce phénomène récurrent dans le milieu du football, des jeunes joueurs plein d’espoir étant les proies d’obscurs intermédiaires, exerçant en toute illégalité et exposant les sportifs à des risques importants», poursuit la déclaration. 

Contacté, le club n'a pour l'instant pas répondu à nos sollicitations, mais a indiqué avoir saisi la Fifa sur cette affaire. 

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