Équipementier de l’UFC depuis avril 2021, Venum, marque tricolore créée en 2006 par Franck Dupuis, incarne la véritable «success story» à la française.
Le 1er avril 2021, Franck Dupuis n’a pas blagué. Le patron de Venum a vu son «bébé» remplacer Reebok, équipementier de la prestigieuse UFC, l’organisation américaine de MMA, depuis 2015. Un accomplissement pour cette marque française fondée en 2006, et qui s’est imposée dans le monde des sports de combat.
Tout a commencé en 2004. A l’époque, cet ancien karatéka, passé comme ingénieur d’affaires (IBM, BEA), a souhaité se lancer dans le monde l’entreprenariat. Et ce grand amateur d’arts martiaux sait dans quel «business» il souhaite entreprendre.
Il créé alors le site de vente en ligne dragonbleu.fr. Le site rencontre un succès immédiat sur le marché hexagonal en référençant les plus grandes marques de sport de combat du moment, et devient le premier site français de e-commerce dans cette discipline.
un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros
Un premier pas réussi. Mais l’entrepreneur va vite se rendre compte que le manque de professionnalisme de certains, notamment au Brésil, alors que la demande augmente, est un frein au développement. Il va donc décider de créer sa propre marque de vêtements spécialisés, Venum, en 2006. La marque à la tête de cobra est donc née. Et c’est dans le pays auriverde qu’il installe sa principale base. Longtemps d’ailleurs, beaucoup ont pensé que la marque était brésilienne.
«Le MMA, au milieu des années 2000, était dominé par les Américains et Brésiliens, souligne Franck Dupuis. J’ai mis en place avec un partenaire local un site de production. Oui, c’est vrai et je l’assume, j’ai longtemps présenté Venum comme un serpent brésilien, c’était même son surnom, car il avait sa tanière au Brésil.»
Rapidement, Venum va évidemment se tourner vers le sponsoring de combattants MMA, comme les grands champions brésiliens Wanderlei Silva, Mauricio Rua ou José Aldo. L’occasion parfaite pour se «montrer» à l’UFC, la prestigieuse ligue de MMA des Etats-Unis. Dans l’octogone, aux Etats-Unis, les combattants ont régulièrement l’habitude d’afficher leur sponsor, histoire d’avoir un rayonnement médiatique. Venum va donc surfer sur cette pratique. «C’était à l’arrache parfois, confie Franck Dupuis. On collait des stickers sur les shorts pour que la marque soit apparente. Puis l’UFC a décidé de cadrer le tout. La Ligue a sorti une liste de marques homologuées.»
Ainsi, en 2015, l’UFC, qui se développe médiatiquement à l’international, choisit Reebok comme partenaire officiel avec pour objectif de rendre un peu plus réglementée l’apparition des autres sponsors. Un coup de frein pour la marque française, mais pas d’arrêt. «Il a fallu se réinventer et trouver autre chose, confie le patron dont les locaux sont situés à Rungis. Ca a été difficile au début mais je ne suis pas quelqu’un qui laisse tomber, au contraire.»
On ne s'interdit rien mais il faut être cohérentFranck Dupuis
Il va alors se tourner vers d’autres disciplines mais toujours dans les sports de combat. «Comme on avait une usine en Thaïlande, on a investi dans la boxe thaï et le kickboxing, se remémore-t-il. On a aussi investi dans le jiu-jitsu brésilien. Puis on a aussi décidé de s’ouvrir à la boxe anglaise.» D’ailleurs, dans cette dernière, Venum va réussir à signer l’Ukrainien Vasily Lomachenko, patron des rings et considéré comme l’un des meilleurs boxeurs de l’histoire.
Une belle relance pour Venum qui va réussir son pari d’entrer cette fois par la grande porte et de remplacer Reebok à l’UFC. «En plus de la légitimité dans les sports de combat, on a réussi à développer mondialement la marque, c’est pour ça que l’UFC a fait appel à nous, confie Franck Dupuis. On est quasiment les seuls à avoir réussi ça en si peu de temps. Il y a de quoi être fiers.»
Élargir l'offre disponible
A l’UFC, Venum, qui sera donc partenaire le 3 septembre prochain de l’UFC Paris, le premier gros événement de la ligue américaine de MMA en France avec en guest Ciryl Gane, s’occupe de toute la partie textile (t-shirts, survêtements, shorts, sacs de sport, casquettes, chaussettes, sous-vêtements). Mais pas des gants ou des chaussures. Ce n’est pas forcément un problème pour Franck Dupuis, qui pense justement au futur.
«On veut aller plus loin et faire de Venum une grande marque de sport plus généraliste, tout en gardant nos racines, explique-t-il. On ne s’interdit rien mais il faut être cohérent avec notre ligne.»
Avec un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros, Venum a la volonté d'aller vers le lifestyle, histoire de s’installer dans le paysage sportif, comme de nombreuses grandes marques l’ont déjà fait.
Preuve de son envie de se développer et de se montrer un peu plus, le leader mondial des vêtements de sport de combat s’est également diversifié en s’associant à Ubisoft pour développer une gamme exclusive de produits inspirés du jeu Assassin’s Creed Valhalla ou encore avec Metafight. Ce nouvel écosystème Web3 sur le thème du MMA ouvre la porte à Venum dans l’univers des NFT et du Metaverse.
Franck Dupuis, qui aime offrir sa chance aux personnes venant de la banlieue parisienne, ne se cache plus et continue d’être ambitieux. De quoi confirmer le désormais adage : «la banlieue influence Paname, Paname influence le Monde.»